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0341 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 341 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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CONCLUSIONS   339

Dès lors peu importe à l'historien qu'on puisse également accuser la morale du Bouddha, après sa philosophie, de manquer d'originalité : c'était la condition même de sa réussite ; et d'ailleurs une morale se codifie, elle ne s'invente pas, la vie en société y ayant déjà pourvu. Si le Prédestiné a passé dés son vivant pour le parangon des €ires, c'est parce que mieux que personne il. a su tirer au clair les conceptions et aspirations de son milieu ; et il ne conserve cette position exaltée que là oû celles-ci continuent à régner. Il n'est pas moins évident qu'il n'a pu les formuler de façon si entraînante qu'à condition de commencer par les partager. Tout le monde autour de lui, et lui plus que tout le monde avait été gagné par l'horreur du Samara et était convaincu que la « Sortie de la maison » était le plus sûr moyen de s'en échapper. Nul n'ignorait que la cruauté, le mensonge, le vol, la luxure et l'alcoolisme étaient les cinq péchés capitaux. Les religieux de toutes dénominations s'imposaient en -outre cinq restrictions supplémentaires et observaient souvent ce vieux décalogue avec plus de rigueur que le Bouddha n'en exigeait de ses moines, qu'il s'agît de respecter toute vie animale ou de s'interdire toute espèce de divertissement et de confort. Bien avant lui les yogui avaient pratiqué exercices respiratoires et méditations extatiques, et gradué les degrés successifs du « recueillement » en correspondance avec les étages superposés des cieux. Sur aucun de ces points Çâkya-mouni ne semble avoir apporté d'innovations. Il n'est pas jusqu'à la réunion générale de quinzaine, le seul rite observé en commun par les membres de son Ordre, qui de l'aveu même des traités de discipline n'ait été une observance imitée d'autres Communautés. Autant qu'on peut voir, son originalité entre les autres chefs de sectes non brahmaniques — son exceptionnelle personnalité mise à part — portait surtout sur des questions de méthode. Tout d'abord il s'en distinguait par la constante préoccupation qu'il a marquée dès le début de sa carrière et dont il ne s'est jamais départi, de suivre en tout la voie moyenne : « Qu'en penses-tu, Sôna ? Quand les cordes de ta vînâ ne sont ni trop tendues ni trop lâches, mais au point, n'est-ce pas seulement alors qu'elle est accordée et bonne à en jouer ? — Il en est ainsi, Seigneur. » De même faut-il dans sa conduite tenir le juste milieu entre les deux excès de l'hédonisme et de l'ascétisme. En second lieu c'est avec une énergie sans rivale qu'il s'est toujours refusé à déduire de son effroyable découverte de la totale « vacuité » de ce monde l'indifférence en matière de morale, et qu'il met l'accent sur l'inéluctabilité de la sanction des actes en dépit de l'irréalité de l'agent. Enfin ces actes eux-mêmes, qu'ils soient de corps, de parole ou de pensée, il les veut jugés avant tout d'après leur intention. Pour lui comme pour ceux de ses disciples qui étaient capables de le comprendre, le péché n'est plus cette impureté gluante, cette sorte de pus adhérant à l'âme, qui pouvait être lavé par les bains sacrés ou desséché par la ferveur ascé-