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0342 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 342 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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340   CONCLUSIONS

tique ; le drame de la vie se joue tout entier dans l'esprit, et plus que ce qu'il a fait, l'homme devient ce qu'il a voulu faire.

La morale bouddhique n'est donc pas si banale que certains le prétendent : ce qu'il est vrai de dire c'est que — de si grand service qu'elle puisse être pour tous les hommes — elle est foncièrement indienne et qu'elle le reste jusque dans ses contradictions. De celles-ci les textes fourmillent et les offrent à qui trouve intérêt à les relever. Tantôt le Prédestiné recommande à ses ouailles les bonnes oeuvres, les vertus familiales, le culte des divinités qui s'en montreront reconnaissantes, bref toutes les pratiques considérées comme méritoires par les personnes bien pensantes, et il leur promet en échange le paradis à la fin de leurs jours ; ou inversement il les met en garde contre les fautes, sources de démérites, qui ne manqueraient pas de les précipiter après leur mort dans une mauvaise renaissance, voire dans des enfers brûlants ou glacés. Tantôt il insiste sur le fait que l'acquisition de la connaissance vraie (naturellement celle de sa doctrine) est la condition nécessaire et suffisante du salut, tandis que les croyances erronées sont la cause la plus certaine de la perdition. Tantôt enfin il donne à entendre que le , secret de la délivrance gît dans une dévotion ardente pour sa personne et une foi absolue en sa loi. Bref, à en croire les- propos qu'on lui prête, il aurait recommandé indifféremment les trois voies de libération que distingueront si soigneusement les générations postérieures, celles de l'oeuvre pie, de la gnose et du quiétisme ; et l'on rencontrerait ainsi dans son éthique les mêmes confusions de principes disparates que nous observions il y a un instant dans sa psycho-physiologie. Sans doute il serait facile de répliquer que le Bouddha n'est pas responsable de tout ce qui a été écrit sous son nom ; que d'ailleurs ces contradictions sont plus apparentes que réelles ; qu'elles marquent simplement des accommodations particulières de la prédication du Maître au niveau moral des auditoires si variés qu'il a pris à tâche d'évangéliser tour à tour ; et qu'enfin toute pratique vertueuse fait faire un pas de plus sur la longue route qui mène au Nirvâna, si bien que, même au plus bas degré de ses exhortations, le Bienheureux n'oublie pas le but final par lui proposé à l'élite humaine. Il n'en reste pas moins que ces flottements didactiques n'ont pu passer inaperçus et sont à l'origine des jugements opposés que des exégètes d'égale bonne foi ont passés sur la morale bouddhique. Selon les uns, si intransigeante ennemie du moi qu'elle se prétende, elle est essentiellement égoïste. Négative et non positive, elle est faite de défenses plus que de préceptes, et prohibe le mal plus qu'elle ne prêche le bien. Enfin, ne jugeant les actes qu'à leurs fruits, elle transforme la vertu en un bon placement sur l'avenir, gage de condition meilleure ou assurance contre condition pire que la présente. D'autres veulent au contraire que l'amour pur, désintéressé, illimité de tous les êtres soit la vertu cardinale et l'essence