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0343 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 343 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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CONCLUSIONS   341

même de la Bonne-Loi : et les uns comme les autres appuient leurs dires sur d'explicites citations. Tantôt, en effet, nous lisons que la supériorité de la vie religieuse sur la vie laïque est tout à fait comparable à celle du commerce sur l'agriculture, car il est de notoriété publique que le marchand réalise de bien plus gros profits que le cultivateur : et tantôt il est écrit de l'homme de bien : « Exempt de convoitise, libéré de la haine, — Produisant une pensée d'amour sans limites, — Jour et nuit, toujours, sans défaillance — Vers tous les points cardinaux il la diffuse à l'infini. »

En dépit de l'aversion professée par le grand Sage pour toute polémique, nous ne pouvons nous dispenser d'entrer dans une discussion dont l'issue influe à tel point sur l'idée qu'il convient de nous faire de sa religion. Commençons par reconnaître que nous manquons de toute base de comparaison entre la charité bouddhique et la charité chrétienne. Celle-ci consiste essentiellement en l'amour de Dieu, et subsidiairement, du prochain en Dieu : or la notion de Dieu, telle que les chrétiens l'entendent, est totalement ignorée du bouddhisme. Peut-on en déduire que la notion de charité lui soit, sur le plan humain, également étrangère ? On n'en a pas le droit. Assurément le fait que chaque homme est l'artisan responsable de son propre salut le force à se replier sur lui-même et à concentrer son effort sur la grande affaire de sa vie, laquelle consiste à abolir en lui toute nécessité de recommencer à vivre. Le Bouddha lui-même, nous l'avons vu, a dû se résoudre à briser tous les liens qui le rattachaient au monde, les plus puissants comme les plus chers ; et, son but atteint, il a balancé un instant avant de se décider à faire part aux autres de sa découverte. Arhat et Pratyêka-Bouddha, abîmés dans le superbe isolement de leur expérience intime, peuvent être de parfaits individualistes sans cesser pour autant d'être des saints. Plus d'un bon moine sans doute se sera borné à ressentir et diffuser in abstracto « debout, marchant, assis ou couché, — en haut, en bas ou en travers » une infinie bienveillance à l'égard de tous les êtres, sans jamais remuer un doigt pour les assister. Par ailleurs il est certain que ladite « bienveillance, purification du coeur » est parfois prônée pour des raisons qui n'ont rien d'altruiste : elle procure à elle seule, assure-t-on, seize fois plus de mérites qu'aucune autre oeuvre pie ; et il est également rappelé à titre d'encouragement à la pratique de toutes les vertus, que « faire le bien est la meilleure façon de s'aimer soi-même ». Mais, après tout, cela n'est pas si mal pensé ni dit ; et on ne saurait, en équité, passer sous silence qu'à côté du détachement, la vieille doctrine bouddhique a aussi préconisé, bien avant que le Néo-bouddhisme n'en fasse sa sublime monomanie, quatre sortes d' « engagements » à l'égard d'un prochain qui embrasse tout ce qui vit. Au plus bas degré il y a le sentiment d' « équanimité », lequel n'est pas fait seulement d'impartialité et de désintéressement, mais encore de calme imperturbable à l'égard des pires avanies ; il comporte en