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0345 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 345 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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CONCLUSIONS   343

fend. sincèrement d'être nihiliste, puisqu'il accepte les données

de l'expérience en tant que telles. Il n'est pas. athée puisque, tout comme Épicure, il croit en l'existence des dieux ; mais

puisque, toujours comme lui, il leur refuse toute espèce d'influence sur le mécanisme de l'univers ou le destin de l'homme, on ne saurait le qualifier de théiste. Il n'est pas non plus un véritable épicurien, car par la pratique de la vertu il ne recherche pas le plaisir, mais seulement la suppression de la souffrance ; il est encore moins stoïcien, car le point de départ de tout son système est la constatation de l'évidence de la douleur. A l'entendre il n'affirme ni l'être ni le non-être ; il ne nie pas à proprement parler l'existence du moi, mais seulement sa substantialité et sa permanence, et il réfute aussi bien ceux qui professent son annihilation totale après la mort que ceux qui affirment son éternité. Ne l'accusez pas d'être fataliste, car il sait que, si l'homme est le prisonnier de son passé, il est dans une certaine mesure le maître de son avenir, à preuve que lui-même vient de briser sa chaîne. Ne le donnez pas non plus comme un révolutionnaire social, car c'est seulement à l'intérieur de sa Communauté qu'il abolit toute distinction de caste, etc. On pourrait se livrer sans fin à ce petit jeu de thèses et d'antithèses. N'en voilà-t-il pas assez pour être contraint de conclure que, tout comme l' âtman inconnaissable des vieilles Oupanishads, le Prédestiné ne peut se définir qu'à l'aide de négations et que, par conséquent, nous ne connaîtrons jamais le fond de sa nature ? C'est justement là ce que nous avions appris à redouter dès le début de notre étude. Les mythologues nous en avaient avertis : à dépouiller le Bouddha du somptueux manteau de sa légende, on s'expose à ne retrouver par-dessous qu'une sorte de soliveau mal équarri et bon tout au plus à cristalliser autour de soi les croyances et les mythes qui flottaient en suspension dans son ambiance.

Ne nous tenons cependant pas pour battus, ni tout le travail de critique auquel nous nous sommes livrés pour stérile. Trop souvent au cours des pages qui précèdent nous avons senti un coeur d'homme battre sous l'impassibilité du prétendu dieu ; trop d'anecdotes typiques nous ont été contées, trop de paroles expressives nous ont été rapportées du Bienheureux pour que rien ne nous soit révélé de son naturel. L'espoir subsiste de discerner le trait distinctif qui, unifiant et vivifiant les menus indices dispersées dans les textes, nous mettra au fait de son caractère original. Toutefois il ne nous est pas caché que. tel le Protée de notre fable antique, Çâkya-mouni se plaisait à glisser entre les doigts des étrangers qui venaient de but en blanc le presser de questions. Toujours il décline de leur répondre par oui ou par non ; il leur déclare n'être, ni ne penser, ni n'enseigner ni ceci, ni cela, ni le contraire ; et quand il les voit bien déconcertés, il les ramène au seul sujet qui l'intéresse parce qu'il est le seul qu'il juge devoir les intéresser. Il ne servirait donc de rien de l'inter-