Les planches I à XI sont consacrées à la porte de Kiu-yong koan. Cette porte monumentale se trouve dans la passe de Nan-k'eou, sur la route de Pékin à Kalgan; elle n'est qu'une ouverture pratiquée dans un long rempart que les touristes prennent quelquefois à tort pour la fameuse grande muraille; en réalité cependant la partie de la grande muraille la plus rapprochée de Pékin est encore à trois heures de marche environ de Kiu-yong koan et le mur dans lequel on voit notre porte ne s'y rattache pas. Cette porte est remarquable par les sculptures dont elle est ornée et surtout par les deux grandes inscriptions qui sont gravées sur les deux parois intérieures de la voûte. Ces inscriptions, qui datent de l'année 1345, sont écrites en six langues différentes, à savoir : le sanscrit, le tibétain, le mongol en caractères de 'Phags-pa, le turc ouïgour, le chinois et enfin une langue totalement inconnue dont on ne possède jusqu'ici que cet unique spécimen. M. Wylie, qui fut le premier à étudier scientifiquement la porte de Kiu-yong koan (On an ancient Buddhist inscription at Keu-yung kwan, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, N. S. vol. V, part. I, 187o), crut, sur la foi des auteurs chinois, que cette langue inconnue était celle de la dynastie Kin, le jou-tchen ou niu-tche. M. Devéria (Examen de la stèle de Yen-t'ai, dans la Revue de l'ExtrémeOrient, t. I, pp. 173-185), a combattu cette opinion et propose de voir dans ce texte l'écriture du peuple de race tangoute qui fonda le royaume de Si-hia, dans la haute vallée du Fleuve Jaune, entre le 34e et le 42e degrés de latitude nord. La question reste encore indécise, puisqu'on n'a pu jusqu'ici déchiffrer cette partie de l'inscription.