EXPLORATION DE 1894. 311
coups de feu, rares d'abord, se faisaient de plus en plus nombreux. Nous nous abstenions de riposter croyant à une simple démonstration comminatoire. Dutreuil de Rhins qui s'était placé en observation derrière un de ces petits murs de pierres sèches, appeléspag-ra, qui hérissent les vallées tibétaines dans tous les sens, me dit au moment où je le rejoignais : « Les gaillards ne tirent pas mal, une balle vient
d'effleurer ma pelisse. Le diable c'est qu'on ne voit pas le bout du nez d'un seul de ces gredins. » — « La situation est mauvaise, répliquai-je;
nous nous ferons tous tuer si nous ne nous hâtons de gagner un endroit plus favorable. »
Il ne répondit pas ; mais il se leva et nous passâmes ensemble le torrent. La fusillade des Tibétains étant devenue très vive, régulièrement soutenue, et plusieurs de nos animaux avant été atteints, nous