National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0010 Trois Ans dans la haute Asie : vol.1
Trois Ans dans la haute Asie : vol.1 / Page 10 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000241
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

4   TROIS ANS DANS LA ,HAUTE ASIE

toutes les grandes nations scientifiques. Après une attente trop longue, elle trouva en Paul Pelliot l'homme vraiment désigné par son énergie, par son savoir et sa forte culture, par son expérience de l'Orient, pour la tâche qu'elle lui destinait.

Son initiative eut la bonne fortune de grouper des concours précieux et puissants. Dès le premier jour, le Comité de l'Asie Française et la Société de Géographie s'étaient vivement intéressés à l'entreprise. Unis comme toujours dans les sentiments d'une confraternité cordiale qu'elles aiment mettre au service de la science et des intérêts français, nos deux associations ont été aujourd'hui heureuses de consacrer le succès acquis en préparant de concert la réception à laquelle, Messieurs, elles vous ont conviés. Leur première pensée a été d'appeler autour d'elles tous ceux qui, ayant dans des mesures diverses, mais avec un empressement égal, contribué à la mission, ont bien mérité de la reconnaissance publique.

La nôtre va tout d'abord à l'Etat dont les encouragements libéraux ont assisté l'ceuvre d'une façon si essentielle. Je devais avoir l'avantage d'en remercier personnellement M. le ministre de l'Instruction publique. Une indisposition subite nous prive au dernier moment de le voir parmi nous. Si vivement que nous le regrettions, nous nous félicitons au moins de le voir suppléé par M. le directeur de l'Enseignement supérieur qui s'est montré si obligeamment favorable à nos desseins. Avant hier, M. le ministre des Affaires étrangères avait bien voulu honorer de sa présence une première réunion plus familière organisée pour nos missionnaires par le Comité de l'Asie. M. le ministre des Colonies s'est fait représenter en attendant qu'il pût nous rejoindre en personne et M. le ministre de la Guerre a lui aussi délégué auprès de nous un messager d'encourageante sympathie. Après les représentants du gouvernement, il nous sera permis de saluer les représentants de l'Académie des inscriptions qui, grâce à la fondation Benoît Garnier, a pu se montrer si secourable pour un jeune maître de cette Ecole d'Extrême-Orient qui lui est si chère ; de l'Académie des sciences et du Muséum dont le concours a permis de faire dans la mission une place légitime aux sciences naturelles; les présidents de la Société de Géographie commerciale de Paris, de la Société de Géographie de Lille, de la Société pourl'avancement des sciences... je voudrais n'oublier personne... et je ne voudrais pourtant pas prolonger votre attente.

Il m'en coûte, à vrai dire, de me renfermer aussi rigoureusement dans mon mandat d'introducteur. Combien j'aimerais à essayer pour ma part de rendre à M. Pelliot et à ses dévoués compagnons, au D'' Vaillant et à M. Nouette, l'hommage dû à une grande œuvre accomplie avec la préparation la plus savante et l'entrain le plus généreux! Mais ce serait sans doute entreprendre sur un privilège qui ce soir appartient à vos applaudissements. Aussi bien vous tous, mesdames et messieurs, qui, avec la chaude sympathie que commandent les nobles tâches, avez accueilli naguère sur les mêmes régions les enseignements d'illustres étrangers, des Sven Hedin, des von Le Coq, des Stein, vous êtes pleinement préparés à apprécier des travaux et des soins qui, cette fois, en même temps qu'ils sollicitent votre admiration de curieux et de lettrés, touchent et intéressent vos cœurs de Français.

Après ces paroles, chaleureusement applaudies, M. Bayet, directeur de l'Enseignement supérieur, a dit les regrets du ministre de l'Instruction publique d'avoir été subitement empêché d'assister à cette réception solennelle. M. Bayet a fait remarquer que ces regrets de l'honorable ministre sont d'autant plus sincères qu'il s'intéresse vivement aux choses d'Extrême-Orient pour avoir connu ces pays et y avoir vécu.

"` Avec sa haute autorité, l'honorable ministre se serait associé aux éloges que méritent M. Pelliot et ses collaborateurs. Il aurait dit la gratitude du gouvernement de la République pour ces vaillants et infatigables missionnaires qui rapportent de leur exploration des richesses telles qu'elles placeront la France à la tête des nations pour les trésors archéologiques et littéraires des civilisations orientales antiques, avant la Chine même, car beaucoup de manuscrits et d'oeuvres d'art, rapportés par M. Pelliot, sont uniques jusqu'ici dans leurs genres.

Enfin, ce que le ministre de l'Instruction publique n'aurait pas manqué de bien mettre en relief, c'est la belle vaillance, l'endurance, l'intrépidité, voire l'habileté de ces jeunes Français qui, venus après tant d'autres, après tant d'illustres étrangers, ont su faire respecter et aimer sur les grandes routes de ce centre asiatique demi-désert, le nom de la France. Le représentant de l'Etat devait à MM. Pelliot, Vaillant et Nouette ce bon témoignage et le tribut de son admiration, car ce sont tous d'excellents serviteurs de la science et du pays.

Les applaudissements provoqués par ces paroles n'avaient pas cessé que M. Paul Pelliot se levait à son tour pour commencer sa conférence, et le public. pressé sur tous les bancs et aux tribunes, lui faisait une longue et chaleureuse ovation. Lorsque le silence s'est établi, M. Pelliot s'est exprimé comme suit :

  • Quand, il y a déjà pas mal d'années, à une distribution de prix de l'ancien concours général, je vins dans cette enceinte pour la première fois, je ne soupçonnais guère qu'on m'y convierait un jour pour y parler. Aussi mes premiers mots iront-ils à remercier le Comité de l'Asie Française et la Société de Géographie, qui nous ont fait le grand honneur, à mes compagnons et à moi, d'organiser la réunion de ce soir. Je tiens également à exprimer ma gratitude aux ministères et aux sociétés savantes qui, en se faisant représenter à cette cérémonie, nous donnent un témoignage d'estime dont je sens tout le prix. Et enfin à vous tous, amis connus et inconnus, venus ce soir en si grand nombre pour assurer une mission française de votre cordiale sympathie, je vous dis simplement, franchement, mon émotion et ma reconnaissance.

Pour vous rappeler l'origine et le but de notre mission, l'exposé que monsieur le président du Comité de l'Asie Française vient de faire devant vous a singulièrement facilité ma tâche. Je m'en tiendrai donc à des indications assez sommaires, et pour le reste m'en remettrai à l'image, a beaucoup d'images, pour évoquer devant vous, avec son pittoresque et aussi sa monotonie, cette vie si différente de la vie parisienne, et qui fut la nôtre pendant de si longs mois.

On vient de vous dire quels concours généreux nous avaient été octroyés. Je m'en voudrais cependant de ne pas rappeler, fût-ce d'un mot, tout ce que nous devons au ministère de l'Instruction publique, à l'Académie des Inscriptions et Belles•Lettres, à l'Académie des Sciences, au Muséum d'Histoire naturelle, etc. J'ai aussi des obligations toutes particulières au Comité de l'Asie Française, et plus encore, peut-être, à son président, qui depuis plus de dix ans a multiplié à mon égard les marques de son amicale bienveillance. Cette fois encore, après avoir été, comme président du Comité français de l'Association internationale pour l'exploration de l'Asie centrale, le promoteur de notre entreprise, M. Senart a contribué à son succès de toute son expérience d'homme et de sa haute autorité de savant.