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0015 Trois Ans dans la haute Asie : vol.1
Trois Ans dans la haute Asie : vol.1 / Page 15 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000241
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TROIS ANS DANS LA HAUTE ASIE   9

quelques étapes de cette longue roule. La figurine (le Toumchouq nous prouvait qu'en ce coin désolé de Kachgarie s'était élevé, avant la conquête et la ruine du pays

TEMPÊTE DE NEIGE ENTRE QOMOUL ET TOUEN-HOUANG

par l'islam, un temple bouddhique antérieur à l'an 1000. que nos prédécesseurs N'avaient pas reconnu, et qu'il nous fallait déblayer.

Ce travail, avec une moyenne de 25 à 30 ouvriers par jour, nous prit six semaines. Le plan entier de l'édifice fut retrouvé et levé. Un grand nombre de fragments sculpturaux, des bois sculptés, quelques céramiques curieuses furent réunis. Vers la fin de notre séjour enfin, nous découvrions une galerie de bas-reliefs sen terre moulée et durcie, très endommagés, très fragiles, mais dont la grande allure décorative fait encore une vive impression. Ces monuments, dans la mesure où ils ont pu être conservés et rapportés, seront exposés au Louvre, et un simple coup d'oeil sur des profils, des attitudes, des costumes révèle les affinités étroites qui reliaient les artisans du Turkestan chinois, vers le vise et le vll1e siècles, aux sculpteurs qui, sous les rois indoscythes, ont créé l'art gréco-bouddhique du Gandhâra.

Ces fouilles de Toumchouq nous avaient pris à l'improviste. L'hiver arrivait, assez rude pour des gens qui avaient laissé partir leurs fourrures avec le gros convoi. Nous ne nous mîmes en route cependant que quand la

  • besogne fut achevée. Le 2 janvier 1907, nous atteignions enfin Koutchar, transis dans nos vêtements de demi-saison, et y retrouvions, après deux mois, nos charrettes et nos bagages, que notre Cosaque Bokov y avait amenés sans encombre.

Nous sommes restés dans la région de Koutchar près de huit mois. Ce qui nous y attirait au départ de France, c'étaient les ming-uï. On appelle de ce nom, qui signifie en turc u mille maisons », des groupes de grottes artificielles creusées dans le grès, dans le loess, dans des conglomérats alluvionnaires, et aménagées en sanctuaires bouddhiques avant l'arrivée de l'islam. 11 y a des ming-uï sur tout le versant sud des T'ien-chan et, sous le nom de Ts'ien-fo-tong ou Grottes des mille Bouddhas, on en retrouve d'autres séries dans la Chine occidentale et septentrionale. Ceux de Koutchar étaient célèbres dans les ouvrages chinois, et des voyageurs européens les avaient

jadis signalés. Nous espérions arriver à temps pour déblayer et photographier ces grottes que l'on savait encore couvertes de peintures murales allant du vue au xe siècle.

Mais d'autres nous avaient devancés. Des Allemands, des Japonais, des Russes avaient ex-

ploité les ming-ui; il y avait encore à y prendre des photographies, mais sans espoir d'y faire, après tant d'autres, un butin sérieux. Restaient heureusement des temples de plein air, dont le rendement paraissait plus aléatoire et que les missions précédentes avaient négligés. C'est à eux que nous nous sommes attaqués. et notre persévérance a été récompensée.Nous avons recueilli là de nouveaux bois sculptés, des sceaux, des monnaies, des boites funéraires laquées et peintes, enfin et surtout des manuscrits. Toumchouq, à ce dernier point de vue, ne nous avait pas gâtés. Mais dans la cour d'un temple, à l'Ouest, de Koutchar, les manuscrits apparurent un jour gisant en couche épaisse, agglomérés par le sable et le sel, certains intacts, d'autres mutilés. Avec d'infinies précautions, ils furent dégagés et nous les rapportons. La plupart sont dans l'écriture hindoue dite brahmf, mais les langues sont le plus souvent ces

idiomes perdus d'Asie centrale que les recher-

ches des dix dernières années ont fait re-

vivre, et dont l'interprétation est encore en-

tourée de difficultés énormes. Tels quels, ils allaient permettre à la France de faire figure auprès des pays qui, comme la Russie, l'Allemagne ou l'Angleterre, devaient à une initiative plus rapide et plus hardie d'avoir été servis avant nous.

Entre temps, le Dr Vaillant levait la carte détaillée de

LE DUG LAN