国立情報学研究所 - ディジタル・シルクロード・プロジェクト
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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 | |
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.2 |
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS. 165
ceux-ci est d'ailleurs si faible qu'ils seraient forts embarrassés de faire des concessions importantes. A Kâchgar les salaires sont plus élevés qu'à Khotan; un manoeuvre y gagne jusqu'à 0 fr. 40 par jour. C'est un effet du voisinage du Turkestan russe où la journée est de 20 kopeks, qui équivalent à 75 sapéques.
Beaucoup de gens aiment mieux mendier que (le travailler pour des salaires aussi dérisoires. Le nombre est extraordinaire de ceux qui vivent d'aumônes, de naissance ou par accident, jeunes et vieux, sains ou malades, entiers ou mutilés, fous ou raisonnables, paysans ruinés (le dettes, ouvriers sans ouvrage, pieux fainéants, qui prétendent honorer Dieu en donnant à ses créatures l'occasion d'exercer la vertu de charité. Le préfet de Khotan ayant annoncé à propos des fêtes du nouvel an une distribution générale aux pauvres, il en vint de tous les côtés du département et ,l'on vit trois mille misérables défiler dans la rue. On ne saurait en France se faire une idée de cette truandai% en haillons, où le burlesque le dispute bizarrement au tragique ; il faudrait pour la peindre la verve originale et pittoresque d'un Quevedo. Ces gens n'éprouvent aucune honte de leur métier, même s'ils y sont réduits par accident et s'ils sont jeunes et bien portants. Les enfants indigénes sont habitués à mendier pour suppléer à la parcimonie de leurs parents qui ne leur donnent pas toujours à manger leur content. Lorsqu'un voyageur arrive sur la place de la grande mosquée à Kâchgar, il est assailli par une foule d'enfants qui lui assourdissent les oreilles des cris: « Bir tcha I a hiring! — Un sou, s'il vous plaît! » Si vous rencontrez dans la rue un gaillard vigoureux qui tend la main, ne lui reprochez pas sa paresse, il ne vous comprendrait pas et le peuple laborieux qui vous entoure ne vous comprendrait pas davantage. La mendicité est un métier comme un autre et il n'est point de sot métier; bien plus, le mendiant est aimé de Dieu, protégé spécialement par lui. Aussi est-il traité avec politesse et bonté, je n'en ai jamais vu aucun brutalement rebuté et les chemineaux trouvent toujours un gîte. et un morceau. de pain. Dans chaque ville,, _lei pauvres sont groupés en association, ayant à sa tête un président, alsaXäl, qui veille ů
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