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0164 La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1
La Vieille Route de l'Inde de Bactres à Taxila : vol.1 / Page 164 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000237
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154   L'ARCHÉOLOGIE DE LA ROUTE

G0NcLUSIoNs. — J'ai à peine besoin d'attirer votre attention sur la gravité, en ce qui concerne l'avenir de nos fouilles, de ce petit, mais symptomatique accident. Nous nous trouverons, je le crains, en dépit de la bonne volonté de l'administration afghane, placés pour longtemps entre les deux branches de ce dilemme : ou renoncer à déblayer les vieux sanctuaires bouddhiques, ou nous résigner à achever de nos propres mains l'enlèvement des motifs décoratifs qui subsistent encore en place. Le but des fouilles archéologiques tel que nous le concevons aujourd'hui, à savoir la conservation in situ des vestiges exhumés, est un idéal actuellement irréalisable, au moins dans la partie orientale de l'Afghânistân. Les paysans sédentaires finiraient peut-être par entendre raison, grâce aux énergiques moyens de persuasion dont le Gouvernement dispose ; mais il faudrait toujours compter avec les possibles déprédations des nomades et des gens descendus du Yaghistân. C'est là, comme vous savez, un mal endémique dans toute la région. Ni l'affichage en plusieurs langues des peines attachées à la dégradation 'des monuments historiques, ni l'installation de gardiens permanents ne réussit à protéger entièrement les foùilles du Panjâb. Si vous vous reportez à la planche XIII b du Mémoire no 7 de l'Archæological Survey of India, vous y verrez la reproduction d'un petit groupe de statues qu'un hasard quasi miraculeux avait conservées intactes : une lettre désolée de Sir John Marshall vient de m'apprendre qu'elles ont été la proie d'un vandale. Si de tels accidents arrivent sur la rive gauche de l'Indus, en plein district de Rawal-Pindî, à quoi ne devons-nous pas nous attendre autour de Jelâlâbâd ? Je ne vois d'espoir qu'à longue échéance, dans les progrès de l'instruction publique et, plus encore, dans les réflexions que les villageois ne manqueront pas de faire — à savoir que les fouilles, et, après les fouilles, l'afflux des visiteurs désireux d'en examiner les résultats peuvent être pour eux une source de revenus appréciable.

Des deux chefs sous lesquels se rangent automatiquement les conclusions de tous nos rapports, conservation et exploration, nous n'avons donc, en ce qui concerne le premier et dans le cas particulier de cette région (car les autorités afghanes nous font espérer qu'ailleurs nous aurons affaire à des gens plus raisonnables), rien de bien rassurant à vous rapporter. En revanche, les perspectives que nos premiers essais ouvrent à l'enrichissement des galeries orientales de nos Musées sont des plus encourageantes. C'est par dizaines qu'autour de Jelâlâbâd et de Hadda nous comptons les sites susceptibles de nous fournir des sculptures analogues à celles dont les photographies ci-jointes vous donneront une idée (24) et dont ni l'intérêt documentaire ni la valeur artistique ne sont négligeables.

En fin de compte, et expérience faite, je persiste à croire que nous aurions pu trouver dès à présent de quoi occuper notre future Délégation archéologique, dans la pleine mesure de ses ressources, l'hiver à Nagarahâra et l'été au Kapiça. Le courant de l'opinion, me dites-vous, porte ailleurs, vers Balkh : c'est chose entendue, et je serais le premier à regretter qu'il en fût autrement, Bactres reste, en effet, le grand problème; mais il ne faut pas nous dissimuler qu'il nous entraîne dans une lointaine et dispendieuse aventure. Nous ne pouvons pas ne pas la tenter ; mais tout en cédant à cette sorte de fascination, n'oublions pas que nous avons à notre portée, de ce côté de 1'Hindûkush, des sites d'un rendement certain, dont l'exploration ne réclamerait pas des sommes considérables et ne présenterait pas (une fois l'effervescence locale calmée) de grandes difficultés. Puissions-nous n'avoir pas un jour à regretter d'avoir lâché la proie pour l'ombre. »

V. - DE NAGARAHÂRA A TAXILA.

Nous avons examiné ci-dessus le tracé de la vieille route entre Nagarahâra et Taxila (p. 4o et suiv.) ; il nous incomberait à présent d'énumérer les principaux monuments qui la