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0039 Recherches Archéologiques en Asie Centrale (1931) : vol.1
Recherches Archéologiques en Asie Centrale (1931) : vol.1 / Page 39 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000229
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RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES EN ASIE CENTRALE

auréolée qui se tient debout (no 5 du schéma). Deux moines apparaissent à l'extrémité droite de la rangée supérieure de personnages agenouillés (no 6, 6 du schéma). Les trois autres figurants de cette rangée sont des donateurs nimbés (i) revêtus de l'armure, leurs épaules sont couvertes d'un léger manteau. La coiffure des no 96 et 94 mérite de retenir notre attention (2). Le n0 96 porte une sorte de mitre blanche flanquée de deux ailes rappelant par leur stylisation caractéristique celles qui ornent la coiffure de certains rois sassanides à partir du règne de Hormisdas II (302-309 ap. J. C.) Dans la coiffure du donateur 94 figurent également deux ailes et, entre les deux ailes, l'ornement circulaire que nous retrouvons dans la coiffure des donateurs de la rangée inférieure. La monotonie de l'accoutrement est heureusement rompue par l'alternance des teintes claires et sombre des manteaux.

Des deux scènes figurées qui ornent la paroi opposée au-dessus de l'entrée et de la sortie du déambulatoire, nous ne retiendrons que celle qui se trouve à droite (Pl. XXIII b, XXIVa). Un Buddha, auréolé et nimbé, assis à l'européenne sous un arbre rappelant par ses fleurs à larges corolles et ses lourdes grappes l'arbre sacré de la grotte 25 de Bäzäklik, accueille et réconforte un personnage agenouillé, d'une effrayante maigreur, simplement vêtu d'un pagne. Grünwedel, qui nous donne une excellente description de la scène (3), remarque très justement que nous devons nous trouver en présence d'un défunt, vraisemblablement d'un damné famélique (preta). L'hypothèse paraît d'autant plus plausible que le Buddha semble, en effet, occupé à rafraîchir les lèvres du personnage agenouillé. Un Bodhisattva, qui se tient debout derrière le preta, verse sur la main gauche du Buddha le contenu d'une aiguière. Le Bodhisattva porte une dhoti de couleur sombre, et, couvrant cette dhoti à hauteur des hanches, une pièce d'étoffe de nuance plus claire. Deux écharpes longues et minces couvrent les épaules et retombent le long du torse et des bras. Le diadème est du type habituel, à ornement circulaire. Un second Bodhisattva agenouillé, les mains jointes, ne participe pas directement à l'action. Le traitement du détail anatomique — et cette observation vise aussi bien le Buddha que les deux Bodhisattvas —, évoque, en dépit d'un linéarisme un peu lourd, des antécédents indiens d'assez basse époque, spécialement certaines miniatures indiennes et népalaises du xme siècle(4). Cette persistance de l'influence indienne est particulièrement remarquable dans le cas qui nous occupe puisqu'il s'agit d'un ensemble archéologique complètement investi par les influences chinoises. Murtuq représente, dans le cheminement des influences indiennes en direction de la Chine, un jalon important ; c'est en effet par des intermédiaires de cet ordre que l'art bouddhique de l'Inde a pu atteindre la Chine des T'ang (5).

(i) En Mie centrale, les donateurs sont fréquemment représentés nimbés.

  1. GRONWEDEL, A. B. K., fig. 619, p. 304.

  2. Les photographies reproduites (Pl. XXIII-XXIV a) sont inédites; elles complètent les dessins au trait exécutés par GRÜNWEDEL. Voir A. B. K., fig. 621, p. 305 et 306.

  3. A. FOUCHER, Étude sur l'iconographie bouddhique de l'Inde d'après des documents nouveaux, Paris 1900, Pl. III, no 1 et Pl. X, no 4.

  4. Voir TOKIWA et SEKINO, Buddhist Monuments in China, vol. I, Pl. 41, tranche de la stèle dite de Ta-che (736 ap. J.-C.).

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