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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0014 Trois Ans dans la Haute Asie : vol.1
高地アジアでの3年 : vol.1
Trois Ans dans la Haute Asie : vol.1 / 14 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000241
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TROIS ANS DANS LA HAUTE ASIE

du convoi irait par la route des caravanes en charrettes chinoises, que nous retrouverions au moins aux étapes principales. Nous logerions tantôt tous la tente, tantôt dans des auberges chinoises malpropres et peu confor-

VUE INTÉRIEURE D'UNE DES NOMBREUSES SALLES D'UN a MING-Ul »

tables. L'argent était en partie transporté en lingots, et en partie représenté par des billets russes que je voulais changer à Ouroumtchi. Pour la nourriture, on vivrait sur le pays, et, dans les régions absolument désertes, avec quelques conserves. Evidemment outine va pas au Turkestan chinois pour faire bombance. Nous avons mangé de la vache enragée, sous les espèces de mouton rance. Il n'y a guère autre chose chez les nomades. Dans les oasis, on trouve aussi du poulet et des oeufs: puis, hors

du pays musulman, c'est-à-dire une fois dans la Chine propre, ce porc qu'on a récemment tenté sans succès de faire consommer en Angleterre. Presque jamais de viande de boeuf; en principe, l'abatage de cet animal utile au labour est interdit en Chine. Parfois un peu de yak, qui nous a semblé succulent. Avec la viande, des galettes indigènes de farine non levée, dis riz, du maïs. Pour boisson ordinaire, le thé et l'eau; chez les mandarins, les eaux-de-vie chinoises, ou, ce qui était pire, des boissons d'importation dénommées « champagnes ». Mes compagnons ont gardé de ce régime assez mauvais souvenir, et à la fin du voyage, ils annonçaient exclure à jamais de leur table omelettes, rognons, petits ragoûts, pilaw et thé. Les Cosaques étaient souvent plus difficiles que nous, et je me rappelle un jour où l'un deux, plutôt que de goûter avec moi à du poumon de chèvre bouilli, a préféré jeûner.

Pour en revenir à notre itinéraire, nous nous trouvions donc en août 1906 à Kachgar, bien équipés et rassurés sur l'avenir au point de vue matériel. Mais par où commencer notre travail scientifique? Monsieur le président vous a rap

pelé que depuis 4897 des missions archéologiques se succédaient en Kachgarie; nous partions les derniers. Dans notre programme, l'oasis de Koutchar, à un mois au Nord-Est de Kachgar, figurait au premier rang. H y avait

là un des plus anciens et des plus florissants royaumes de la vieille Kachgarie, et il semblait que nos prédécesseurs n'y eussent pas touché. Mais une fois à Kachgar, nous savions que les Allemands venaient de fouiller longtemps à Koutchar, et qu'un Russe, M. Berezovskii, s'y trouvait à son tour. Nous avons d'abord cherché autour de Kachgar même. En un mois de travail, nous avons fait, tant aux points de vue géographique qu'archéologique et linguistique, des constatations ou des trouvailles intéressantes, mais qui n'ont abouti à aucun résultat sensationnel; je vous épargnerai le détail de ces allées et venues, et vous mènerai immédiatement à une autre étape de notre longue route vers l'Extrême-Orient.

Après un mois de recherches autour de Kachgar, nous partions en effet pour Koutchar, et c'est à mi-route de cette oasis que la fortune des archéologues nous sourit pour la première fois. Nous venions d'arriver, au Nord-Est de Maralbachi, à un petit village appelé Toumchouq. Non loin de là, il y avait un groupe de ruines à peu près entièrement ensevelies, et où Sven Hedin avait cru reconnaître les vestiges d'un établissement musulman assez tardif. A tout hasard, je m'y rendis en fin d'étape. Ayant mis pied à terre, j'errais parmi les ruines, en quête de quelque indice sur l'âge du monument, quand, en grattant le sol du bout de mon fouet de cheval, je retournai une figurine dont le style était nettement gréco-bouddhique. Il faut vous dire, Messieurs, qu'après l'expédition d'Alexandre, des dynastes grecs s'étaient maintenus à l'Ouest des Pamirs, dans la Bactriane principalement. Avant le début de notre ère, le bouddhisme était arrivé dans ces mêmes régions, et du contact de l'Inde et de l'Orient hellénisé était résulté un art mixte, mi-hindou, mi-hellénique, qui a fleuri surtout sur le haut Indus et qu'on appelle l'art gréco-bouddhique. Aux alentours de l'ère chrétienne, ces dynastes grecs furent vaincus et supplantés par des conquérants venus de ce réservoir inépuisable d'envahisseurs que fut de tout temps la haute Asie. Ces « barbares » toutefois furent convertis à la foi et aux arts des peuples qu'ils venaient d'asservir. Grâce à eux, l'art gréco bouddhique, quittant avec le bouddhisme

lui-même les bassins de l'Inde et de l'Oxus, franchit les Pamirs et, par un lent progrès, apporta les croyances et les formules artistiques de la Grèce et de l'Inde jusqu'en Chine et jusqu'au Japon. Le Turkestan chinois marque

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GRIMPADE DANS LA VALLÉE DU TÉKÈS