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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0019 Trois Ans dans la Haute Asie : vol.1
高地アジアでの3年 : vol.1
Trois Ans dans la Haute Asie : vol.1 / 19 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000241
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TROIS ANS DANS LA HAUTE ASIE   13

avons scellé notre amitié avec force coupes de champagne. Mais il n'est si bonne compagnie qui ne se quitte. Dans les derniers jours de 1907, nous repartions vers l'Est. Les fonctionnaires nous envoyèrent en cadeaux d'abondantes provisions pour la route. Dans un dernier entretien, le duc Lan me disait avec mélancolie : « Vous vous en allez, et moi je reste. » Je n'ai pas cru devoir lui rappeler qu'un jour il nous avait forcés à rester quand nous n'aurions pas demandé mieux que de nous en aller.

Partis d'Ouroumtchi en décembre 1907, nous arrivions à Touen-houang, à l'extrême Ouest du Kan-sou, dans les premiers jours de février. Dès notre départ de Paris, Touen-

Par des renseignements complémentaires, j'avais pu savoir comment cette découverte avait été faite. Un moine taoïste, le Wang-tao, déblayant une des grandes grottes, avait par hasard ouvert une petite grotte annexe, qu'il avait trouvée bondée de manuscrits. Bien que notre confrère Stein fit passé à Touan-houang peu avant nous, je conservais l'espoir de faire encore une bonne moisson. Aussi, dès notre arrivée à Touen-houang, je me mis en quête du Wang-te.o. Il fut facile de le joindre, et il se décida à venir aux grottes. Il m'ouvrit enfin la niche, et brusquement je me trouvai dans une petite grotte qui n'avait pas trois mètres en tout sens, et était, sur deux et trois épaisseurs, bourrée de manuscrits. Il y en avait de toutes sortes, en rouleaux surtout, mais aussi en feuillets, des

GROTTES DE TOUE\-IIOUANG. AUTEL. DES wE:I (circa 500 ap. J.-C.)

 

houang avait été fixé comme une des grandes étapes de notre voyage. Par Prjévalskii, Kreitner, Bonin, on savait qu'il y avait là, à 20 kilomètres environ au Sud-Est de la ville, un groupe considérable de grottes, dites Ts'ien-fotong ou Grottes des mille Bouddhas, aménagées à des dates jusque-là peu précises, mais qu'on savait couvertes de peintures murales que l'islam n'avait pas défigurées. Nous nous promettions de consacrer à leur étude, qu'aucun archéologue n'avait encore entreprise, tout le temps que leur importance réclamait. Vous verrez tout à l'heure, par des photographies, que notre attente n'a pas été déçue, et que les grottes de Touen-houang nous ont conservé quelques-uns des plus précieux monuments de l'art chinois bouddhique entre le vie et le xe siècle. Mais un autre intérêt s'était en cours de route ajouté à cette visite. A Ouroumtchi, j'avais entendu parler d'une trouvaille de manuscrits qui avait été faite dans les grottes de Touen-houang en 1900. Le maréchal tartare m'en avait touché un mot. Le duc Lan m'avait à son tour remis un manuscrit qui en provenait; ce manuscrit remontait au moins au vine siècle.

chinois, des tibétains, des ouigours, des sanscrits. Vous vous imaginez sans peine quelle émotion poignante m'a saisi : j'étais en face de la plus formidable découverte de manuscrits chinois que l'histoire d'Extrême-Orient ait jamais eu à enregistrer. Mais ce n'était pas tout de voir ces manuscrits, et je me demandais avec inquiétude s'il me faudrait me contenter de jeter sur eux un coup d'oeil, pour m'en aller ensuite les mains vides, et laisser là ces trésors voués peu à peu à la destruction. Heureusement le Wang-tao était illettré et appartenait à la catégorie des moines bâtisseurs. Pour construire des pagodes, il lui fallait de l'argent. Bien vite, je dus renoncer cependant à tout acquérir : le Wang•tao craignait d'ameuter le pays. Alors, je m'accroupis dans la grotte, et flèvreusement, pendant trois semaines, je fis l'inventaire de la bibliothèque.

Sur les 45.000 rouleaux qui me sont ainsi passés par les mains, je pris tout ce qui, par sa date ou son contenu, offrait un intérêt primordial, un tiers de l'ensemble environ. Dans ce tiers, j'avais mis tous les textes en écriture brahmî ou ouigoure, beaucoup de tibétain, mais surtout