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0036 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 36 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000225
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— xx

SJ

C'était un fait extraordinaire dans l'histoire de la Chine, qu'une pareille amitié avec un peuple de la Haute Asie aussi puissant. Nous trouvons dans les annales chinoises la preuve, que la Chine sentait tout le prix de ces relations amicales, et que le témoignage devait en être transmis à la postérité la plus reculée. Voici ce qui y est raconté immédiatement après l'événement:

»En l'an 731 mourut Kiouïé-Délé. Le commandant en chef de l'armée, Tchian-Kioui-i et le haut fonctionnaire LiouiSân furent envoyés avec un manifeste, muni du sceau impérial, pour présenter les compliments de •condoléance et déposer des offrandes. L'empereur donna l'ordre de graver une inscription sur un monument en pierre, de bâtir un temple et d'y placer la statue du défunt; sur les quatre murs on devait peindre des tableaux représentant des batailles. Six artistes des plus habiles furent chargés de tout exécuter pour le mieux; ils remplirent admirablement leur mission, et jamais on ne vit dans l'empire des Doulgases un ouvrage aussi parfait. Moguilaine eut le cour brisé en le voyant. — Cependant le khan ne cessait pas de renouveler sa demande de mariage, et l'empereur à la fin y consentit. Le khan députa en conséquence Gueguyeubi pour présenter ses remerciements, et prier qu'on fixât l'époque du mariage. Mais le khan fut contre toute attente empoisonné par Meiloutchio. Toutefois le khan eut encore avant de mourir le temps de punir son meurtrier, et (l'exterminer toute sa famille. Ieempereur témoigna un vif regret de cette perte, et ordonna d'envoyer le président de l'administration des domaines impériaux, prince Tsouane, porter ses condoléances et ses offrandes. Cette circonstance fut la cause pour laquelle on éleva un temple en l'honneur du défunt, et Li-Joune fut chargé du soin de rédiger l'inscription pour le monument *.

Le texte chinois (lu premier monument, que nous publions ici, a été transcrit à Péking d'après les photographies par le premier drogman de l'institut de la mission russe dans cette ville, P. S. Popoff. La traduction russe de ce même texte a été faite par le maitre de langue chinoise attaché au consulat d'Ourga, et revue ensuite par le susdit interprète. Pendant mon séjour à Tomsk l'hiver dernier (1891), je fis publier cette version dans les numéros 13 et 14 de la Revue Orientale (Bo-croque O6ospknie) qui parait à Irkoutsk. Par cette publication, qui était accompagnée de plusieurs extraits de l'histoire de la Chine relatifs à l'évènement dont il s'agit, on apprit pour le première fois, que le Pr monument avait été érigé l'an 732 après J. Chr.

Tout récemment Mr le professeur G. Devéria à Paris a fait remarquer, qu'il est fait mention de ce monument dans un ouvrage chinois, écrit an 13° siècle par le Tartare Yé-lu

tchou *. L'auteur y dit entre autres la même chose que ce que nous avons rapporté dans notre citation tirée de l'histoire de la Chine, savoir que Kioulé, le frère cadet de Pêk-khan c. à. d. de Biguai-khan Moguilaine, mourut en 731, en suite de quoi l'empereur de Chine envoya une députation chargée de porter ses condoléances etc. et qu'en même temps l'ordre fut donné d'élever un monument avec une incription. Ce monument, Yé-lu-tchou l'a vu, et il reproduit les mots suivants, qui font partie de l'inscription : »I.e T'eghin est le digne frère cadet du Pêk-khan, le khan est comme mon fils«.

Mr le Professeur Georg von der Gabelentz à Berlin a eu l'obligeance de nous envoyer la traduction faite par lui de la susdite inscription chinoise gravée sur le 1°r monument, et reproduite d'après les photographies originales que nous lui avions fait parvenir.

Quant au 2° monument nous croyons pouvoir admettre que c'est celui qui, d'après la relation historique citée plus haut, fut érigé au frère de Kiouié-hélé, khan Mogulaine, la même année ou l'année suivante. J'ai déjà précédemment émis l'opinion, que les monticules près des monuments sont bien certainement les restes des temples qui ont été élevés à l'occasion de ces monuments.

En parlant (lu 1°r monument l'histoire chinoise dit expressément, que jamais auparavant on n'avait, clans le pays des Doulgases, rien vu d'aussi imposant dans ce genre; ce qui doit s'appliquer à la forme et non pas à l'usage d'élever de monuments. Car nous avons déjà fait remarquer, que chez les Toukioux c'était une coutume générale, de poser atitour de la tombe (l'un héros un nombre de pierres correspondant à celui des ennemis qu'il. avait tués. De même il était d'usage de dresser la statue (lu défunt, et d'élever une construction auprès de la tombe **.

Un monument avait même été érigé cent ans plus tôt par les Chinois, en mémoire d'un khan des Toukioux, du nom de Iminischou Sibili khan Simo, qui régna au milieu du 7° siècle et auquel fut rendu cet honneur. Cela peut s'expliquer par le fait que Simo résidait à Ordos, et qu'il était au service de l'empereur; c'est la raison pour laquelle, après sa mort, qui le surprit dans la capitale de la Chine, on lui érigea à Houat-chien un monnment, où l'on fit graver ses exploits.

* Voyez dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres 1 a:1. N:o XXIX par M. Hamy; ainsi que dans le T'onngpao, Archives etc. publiées par MM. G. Schlegel et H. Cordier. Leyde 1891 l'article de G. Devéria: La stèle funéraire de Kiuéh-T'eghin.

** G. N. Potanine donne dans son ouvrage la figure de plusieurs buttes trouvés dans l'intérieur de la Mongolie. Voyez Ovepan Ctsepao• 3aumnori Monroaiü. Bxn. II. C. Ilfypri.. 1881.

A   * Extrait de lamine, llcrapin etc. I, 282--287.