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Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 | |
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1 |
210 MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA. HAUTE ASIE.
ouate mouillée qui nous enveloppait, on essayait de faire du feu avec du combustible mal séché qui refusait de s'enflammer et répandait une Acre odeur. Puis un léger tressaillement de lueur blafarde se propageait dans l'espace ; c'était l'aurore, une pauvre aurore qui ne servait qu'A rendre visible l'opacité du brouillard ; et les hommes chargeaient avec leur nonchalance habituelle, musant, s'attardant prés du foyer à prendre un air de fumée chaude; on devait sans cesse être autour d'eux pour stimuler leur torpeur, sans perdre de vue pourtant leurs vraies misères, leurs mains brûlées au contact des ferrailles glacées ou écorchées au maniement (les cordes raidies, la suffocation causée par l'effort physique dans l'air rare. Enfin on partait, se dirigeant comme on pouvait, å la boussole, à travers la brume intense qui faisait mieux sentir le poids du silence et rendait la solitude comme tangible. Au milieu de ces vapeurs flottantes glissaient confusément, pareils i une procession de muets fantômes, les chameaux au balancement monotone et les chevaux à la tête basse avec sur leur dos d'immobiles apparences d'hommes bizarrement emmitouflés.
Cependant plusieurs signes annonçaient le voisinage des lieu x habités. L'herbe devenait peu A peu plus abondante, le gibier nombreux était plus sauvage, çii et là (les chasseurs avaient laissé des traces de leurs campements, le 27 octobre après avoir passé le seuil dont j'ai parlé plus haut, nous vîmes un enclos A moutons qui avait dû être occupé cet été même. Nous plantâmes notre tente non loin de là sur la berge d'une rivière dont l'eau, gelée seulement sur les bords, était rapide et profonde de deux pieds. Dans la vallée, d'ailleurs étroite et austère de ce cours d'eau, des passereaux et (les perdrix tenaient. compagnie aux corbeaux et parmi les menues broussailles, appelées en tibétain oua ching (bois de renard), s'ébattaient des lièvres innombrables. Les lièvres du Tibet, n'étant pas considérés comme un gibier traquable et mangeable ů merci, ne sont pas aussi peureux que les nôtres, ni si difficiles A attraper. A peine Mohammed Iça était-il sorti pour chercher du. bois qu'il rapporta un de ces animaux, sain de corps et les yeux clairs, qu'il avait saisi par les oreilles. C'est l'exploit cynégétique le
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