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0262 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / Page 262 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000197
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MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA IIAUTE ASIE.

courrier A Lha-sa afin d'informer le gouvernement de vos propositions

et de lui demander de nouvelles instructions.

Le lendemain, 17, le Vice-Légat Impérial arriva, accompagné d'une suite nombreuse. C'était un Mantchou, jeune encore, qui avait été secrétaire d'ambassade A Saint-Pétersbourg, oit il avouait avoir appris vaguement quelques mots de russe dont il émaillait çA et lA son discours pour nous faire plaisir ; quant au chinois il le parlait avec une éloquence facile, fluide, abondante et avec cette netteté de prononciation propre aux Pékinois ; il avait la tournure agréable, la démarche aisée sous son ample costume chinois, de visibles prétentions A l'élégance : il montrait à tout propos et hors de propos un mouchoir de fine batiste, d'une blancheur irréprochable, mais il avait le tort de renifler bruyamment et de cracher par terre avec grand fracas. Son sourire gracieux, ses manières courtoises lui servaient admirablement A couvrir la hauteur foncière de son caractère, de méme que son étalage (le cordiale franchise dissimulait tant bien que mal ses habiletés diplomatiques. Il avait l'esprit souple, fertile en ressources, affectait un grand dégagement de tous les préjugés et avait le raffinement de nous associer à la supériorité qu'il s'attribuait sur les autres. Avec lui -étaient venus deux secrétaires de la Légation, et trois officiers de la garnison chinoise de Lha-sa. En outre le Roi ou plutôt le Vice-Roi du Tibet, le I3od Gyatsab, avait envoyé un lama qualifié de djo-pa, qui était l'un des deux Juges suprémes, chag-pon. Gros et court, la face ronde et rasée, la mine bénigne et béate, les yeux ternes regardant souvent en dessous, la voix lente et posée, sans timbre-et sans accent, il était presque immuable en sa sérénité qu'animait A peine A de rares intervalles un sourire fugitif et pàle; il semblait étranger it ce que les autres lui disaient comme A ce qu'il disait lui-môme ; quelquefois seulement un geste brusque, un éclat de voix de son interlocuteur le tirait de sa contemplation intérieure et lui faisait ouvrir de grands yeux étonnés de ce qu'un homme pût prendre un interét si passionné aux choses du monde. A le considérer comme un hypocrite, on se fût trompé aussi bien qu'à le croire insensible et désintéresse. Il savait dissimuler et ne répugnait pas aux stratagèmes, mais

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