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0166 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 166 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000197
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150   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

leur assure une situation dominante dans le pays. Cette fortune consiste surtout en terres; dans ces oasis peu étendues et à population très dense, vingt hectares de champs cultivés suffisent å constituer une grande propriété. En outre, les beks possèdent dans la montagne des pâturages, des centaines ou des milliers de moutons, des dizaines de chevaux et de boeufs; ils ne dédaignent pas non plus de s'intéresser à des entreprises commerciales. Il en est dont on évalue la richesse å cinq ou six cent mille francs, ce qui est considérable en une contrée oit le capital rapporte au pis aller trois fois plus que chez nous et oii un ouvrier est payé quinze fois moins. Leur famille étant établie depuis plusieurs générations, souvent depuis un temps immémorial dans le canton, ils y ont de nombreux parents et alliés, presque tous riches et considérés, possédant ensemble une grande partie, quelquefois la plus grande, des terres du canton. Ils sont environnés d'une cohorte de domestiques, de secrétaires, de messagers et de gendarmes qui sont leurs propres hommes, ils ont une clientèle de fermiers, de protégés qui recherchent leur appui clans leurs procès, et surtout de débiteurs qui leur ont emprunté â des taux excessifs, leur payent en redevances annuelles plusieurs fois la somme empruntée, sans cependant pouvoir se libérer et tâchent, å forcé de servilité, de faire prendre patience à leurs puissants créanciers et de se sauver de la dernière misère. La force sociale des beks est limitée d'une part par celle des chefs du clergé, d'autre part par celle des autres propriétaires de premier ordre qui appartiennent eux aussi à d'anciennes familles seigneuriales, qui ont déjå été beks ou le seront, ont également de nombreux parents alliés, une foule de domestiques, de débiteurs et de clients attachés à leur fortune. Ainsi chaque district ou chaque canton est en réalité dans la main, non pas d'un seul homme comme une baronnie du moyen âge, mais d'une oligarchie de cinq ou six personnages devant lesquels le gros de la population compte fort peu. Les Chinois ont par politique essayé (le diminuer la puissance des grandes familles qui forment, avec le clergé, le principal obstacle å leur domination. Ils ont confisqué quelques-unes des terres de celles qui avaient été les