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0244 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 244 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000256
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234   EDOUARD CHAVANNES.

Il ne semble pas cependant que cette industrie soit jamais devenue florissante à Constantinople. Pour se procurer de la soie, Justinien avait donc cherché à se mettre en relations avec les ports de l'Inde sans passer par l'empire Perse; dans ce but, il avait noué vers 531 des intelligences avec les Himyarites (Homérites), qui habitaient la côte de l'Yémen, au sud-ouest de l'Arabie 2); il trouvait là, en effet des bateaux marchands prêts à faire le voyage de l'Inde pour y chercher la soie.

Les Perses, de leur côté, se proposaient (le monopoliser entièrement à leur profit le commerce maritime de la soie dans les ports de l'Inde. Ils s'efforcèrent donc, d'une part d'empêcher les Himyarites de servir les intérêts des Romains, d'autre part de décourager et d'entraver les peuples qui s'occupaient du transport de la soie par terre.

Les Sogdiens étaient les principaux entrepositaires de la soie dans l'Asie antérieure 3). Quand ils eurent passé de la domination des Hephthalites sous celle des Turcs, ils voulurent mettre à profit le prestige de leurs nouveaux maîtres et leur demandèrent d'appuyer une démarche qu'ils feraient en vue d'obtenir des Perses l'autorisation de se livrer au commerce de la soie dans leurs états. Avec l'assentiment du kagan turc Dizaboul (Istämi), tille ambassade sogdienne, dirigée par un certain Maniach, se rendit donc, à une date antérieure à l'année 568, auprès de Khosroû Anotischirwâ.n. Celui-ci se trouvait avoir pour conseiller un Hephthalite du nom de Katoulphe qui, après avoir livré son pays aux Turcs pour se venger d'avoir vu sa femme outragée par son roi, s'était réfugié en Perse; cet homme devait bien connaître les conditions dans lesquelles se faisait le trafic de la soie; il engagea Khosroû à acheter les marchandises qui lui étaient offertes, afin qu'on ne pût lui adresser aucun reproche, niais ensuite à les brûler publiquement pour bien montrer qu'il était décidé à ne pas se servir de la soie de provenance turque. Ainsi fut fait, et les ambassadeurs s'en retournèrent fort marris. Dizaboul (Istämi) ne se tint pas pour battu et envoya de nouveaux émissaires; ils périrent empoisonnés; trois ou quatre seulement d'entre eux en réchappèrent; en même temps, afin d'ôter aux Turcs toute envie de venir, on répandait le bruit que le climat de la Perse leur était funeste. Cette rumeur n'en imposa pas au kagan qui était un homme

  1. Procope (de bello Persico, I, 20): vers 531, Justinien envoie une ambassade aux Ho-mérites et aux Ethiopiens qui tuaient alors unis; il propose que les Ethiopiens aillent acheter en Inde la soie pour la vendre aux Romains i;7rcw4 Ai4ío-rrEç µ_v (oVOJ.EVOí TE T11V µETcEav 'Ey 'IvVov, å; Q AEVOI8-_ ai,T4v 'cg `P'(op.x ouç; qu'ainsi il s'assureraient de gros gains, tandisque les Romains n'y auraient d'autre avantage que de ne pas livrer leur argent iti. leurs ennemis (les Perses).

  2. Pour tout ce qui suit, voyez Ménandre (Fragm. hist. graec., IV, p. 225 et suiv.).