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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
238 EDOUARD C1tAYANNES.
où furent reçus en d'autres jours les Romains; dans l'une on voyait des
statues, uu lit d'or sur lequel était étendu le kagan, des urnes, des ai-
guières et des tonneaux en or; dans la seconde, on admirait des colonnes
de bois revêtues d'or, un lit doré soutenu par quatre paons en or; à
l'entrée, des chariots étaient remplis de vaisselle d'argent, et des images
d'animaux faites en argent ne le cédaient point à ce qu'on trouvait à By-
zance 1). Ces Turcs que nous sommes habitués à considérer comme de vrais
barbares, n'étaient donc pas aussi grossiers qu'on le croit; leur art, qui
ne s'exerçait que sur des métaux précieux, a produit des objets que leur
valeur même exposait à être détruits et transformés en monnaie; c'est sans
doute la raison pour laquelle il a presque entièrement disparu. Il est fort
probable cependant qu'on en peut trouver la trace dans quelques uns de ces
ornements en or repoussé qui ont été découverts dans le sud de la Sibérie
et qui sont actuellement au musée de l'Ermitage a).
Après avoir donné à Zémarque une concubine kirgize3), Dizaboul
(Istämi) l'emmena avec lui dans l'expédition qu'il entreprenait contre la
Perse. Ils s'arrêtèrent å Talas 4), près de la rivière de ce nom, ville qui
est bien connue, tant par les auteurs chinois 5) que par les écrivains ara-
bes6); là, un ambassadeur de la cour de Perse se présenta au kagan qui
l'invita à un banquet; mais ce fut pour lui faire l'affront de le placer après
l'envoyé romain et pour l'accabler de reproches sur l'injustice de ses com-
patriotes; le Persan eut d'ailleurs le race courage de répondre avec hauteur
à ces attaques.
Nous ne suivrons pas Zémarque dans son voyage de retour au cours
duquel il traversa la Iemba,, le Iaïk et la Volga. Cet itinéraire a déjà été
souvent étudié 7) et les points obscurs qu'il présente encore ne relèvent pas
de nos études. Nous nous bornerons à signaler le passage dans lequel il est
dit que le chef des Ougoures (Ouigours) à l'ouest de la Volga exerçait là
~
Ménandre, dans Frageni. hist. gracc., t. IV, p. 228 a. — Théophylacte Simocatta (III, 6) parle aussi des lits, des chaises, des coupes, des sièges, des tribunes, des ornements de chevaux et des armures que les Turcs faisaient avec Por que leur donnaient les Perses.
Sur ces monuments, cf. Antiquités de la .Russie méridionale, édit. française, par N. Kondakof, J. Tolstoï et S. Reinach; Paris, 1891; figures 341-3G0; — cf. aussi S. Reinach, La représentation du galop dans l'art ancien et moderne, 4° article, Revue archéologique, tome XXXVIII, 1901, p. 27-45.
Ménandre, Fragm. hist. gracc., IV, p. 228 b: r ~:rjv 'ex tc:ìv AEï s L vwv XepXíç.
Tåaxç.
Cf. Hiuen-tsang, Vie, p. 59; Mémoires, tome I, p. 14.
G) Les renseigneinnts arabes relatifs à Talas et aux villes voisines appelées Ienghi,
Saïram et Aschparah, sont rassemblés dans une note très substantielle de Quatremère (Notices et Extraits des Manuscrits, 1838, tome XIII, p. 224, n. 1).
7) Voyez Klaproth, Tableaux historiques de l'Asie, p. 117-118; Saint-Martin, dans Lebeau, Histoire du L'as-Empire, tome X, p. 64 et suiv.
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