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Serindia : vol.3 |
Part iii] LES MANDALAS | 1403 |
que l'on trouve sur les bas-reliefs gandhariens 13, mais bien le mandala dans ce qu'il a d'essentiel. Pourtant, il est difficile sur un document unique et mutilé d'appuyer sans réserves une semblable conclusion. On ne peut que signaler son intérêt et attendre de l'avenir une confirmation nécessaire.
Pourtant, à y regarder de près, d'autres documents, qui remontent au v° siècle, nous montrent que l'ordonnance du, mandala était déjà fixée à cette époque : ce sont certaines des sculptures des grottes de Yun-kang et de Long-men ainsi que ces sortes de stèles sculptées sur leurs quatre faces, si fréquentes à l'époque
des Wei et des Tang et qui ont gardé en Chine et au Japon l'appeIlation bien caractéristique de H !fie
Images à quatre faces.' Je me permets de renvoyer le lecteur au dernier chapitre de ce travail où je reprendrai la question d'une manière plus utile, les comparaisons nécessaires ne pouvant logiquement se faire qu'après l'étude détaillée des mandalas de Touen-houang. Il doit suffire de retenir ici les éléments de fait relatifs à la date et l'on peut voir dès à présent qu'ils doivent nous conduire à placer très près des dernières manifestations de l'art gandharien le développement iconographique des mandalas. Il n'est pas aventuré d'y reconnaître l'effet des influences de l'Asie antérieure, des traditions éparses dans la Perse sassanide et la Bactriane conduisant le bouddhisme en marche vers ses hautes destinées asiatiques à se constituer un panthéon qui semble avoir surgi sur les mêmes données que le Panthéon chrétien et en même temps que lui.
II
Caractères généraux des Mandalas.
Tous ceux qui se sont quelque peu occupés d'art bouddhique connaissent ces représentations fastueuses de la Sukhavati où l'on voit Amitabha trônant dans son Paradis d'occident, entouré de Bodhisattvas et regardant éclore dans le coeur des fleurs de lotus les âmes libérées, les âmes toutes blanches qui ont obtenu de renaître dans la Terre de Pureté.
Le prototype de cette composition dérive d'une peinture introduite au Japon vers le milieu du vicie siècle ; copiée à plusieurs reprises, elle nous est connue par l'original même, conservé au temple de Taima ainsi que par de nombreuses répliques dont les plus anciennes paraissent pouvoir remonter au x° ou au xi° siècle, tandis que les plus récentes appartiennent au xvii° et au xviti°. Dans la partie centrale, on voit se développer la représentation du Paradis d'occident, tandis que sur les deux bandes marginales, de part et d'autre de la peinture, on aperçoit une série de scènes qui, sur certaines répliques, sont accompagnées d'inscriptions. Elles traitent de l'histoire d'Ajataçatru et de Bimbisara.
Cette vieille peinture nous montre une ordonnance que nous retrouvons toute pareille aussi bien sur les fresques de Touen-houang que dans les peintures rapportées par la Mission Stein. Nous n'avons pas lieu de nous en étonner, car nous y avions constaté déjà cette abondance d'invention et ce mélange d'influences caractéristiques de l'art bouddhique dans le Turkestan oriental. Le motif, sans doute constitué en plein Turkestan, a gagné la Chine et le Japon où il s'est maintenu fidèlement. Mais quand, dans cette même
's Certaines figurations gandhariennes présentent, en effet, la disposition caractéristique des mandalas. Je laisse de côté l'usage de placer à côté du Buddha Çakyamuni des assistants qui, à droite et à gauche, interviennent pour équilibrer la composition et exprimer le détail d'une scène tandis que, parfois, apparaissent en haut du bas-relief des devas jetant des fleurs. Ce n'est pas h une ressemblance superficielle qu'il faut s'arrêter. Mais je retiendrai plus spécialement les figurations du Bodhisattva méditant dans le ciel des Tushitas ou la Prédication aux dieux Trayastrimças. Là, en effet, on a, dans la sculpture gandharienne, l'évocation d'un paradis. Dans un bas-relief du Musée de Lahore (M. Foucher, l'Art gréco-bouddhique du Gandhâra, fig. 145, p. 286) on voit le futur Buddha méditer sur un trône loti-forme, entouré de dieux distribués sur deux rangées suivant un système qui rappelle les Paradis à ordonnance réduite de Touen-houang. Ailleurs, dans la prédication aux dieux Trayastrmças on a aussi l'évocation d'un paradis (M.
Foucher, ibid., fig. 243, p. 485). Ici, le Buddha, assis sur un trône, siège sous un de ces arbres paradisiaques qui représentent, dans les peintures, les célestes bosquets de la tradition septentrionale. Il siège entre Indra et Brahma. Au-dessus d'eux, on voit, à sa droite, un Vajrapani, à sa gauche un deva. En haut, enfin, de chaque côté du feuillage de l'arbre précieux ', des devas jettent des fleurs. On a ici, plus étroite encore, l'ordonnance essentielle des mandalas du bouddhisme du Nord. Si ces évocations des Paradis bouddhiques n'ont pris place dans les bas-reliefs gandhariens qu'à la faveur de la vie du Buddha Çakyamuni, dont elles représentent des épisodes, au moins pouvons-nous y voir comment, dès le premier abord, se sont fixées des ordonnances que l'école du Nord a ensuite développées d'une façon somptueuse. Il n'en reste pas moins que ce sont, pour ainsi dire, des mandalas de rencontre. Toute autre serait la question si le ma/Apia supposé d'Avalokiteçvara (Ch. xxii. 0023, Pl. LXX) nous avait été entièrement conservé.
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