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Serindia : vol.3 |
142o PAINTINGS FROM THE CAVES OF THE THOUSAND BUDDHAS [App. E
Bodhisattvas ; on aperçoit la tête et la partie supérieure du buste de celui qui siège à sa droite. La soie est complètement rongée à gauche et la figure qu'elle portait a disparu. Si nous nous en rapportons aux données du premier mandala de Kouan-yin que nous avons étudié (Ch. lvi. 0019, Pl. LXIII ; Th. B., Pl. XVII) nous devons
y reconnaître deux formes d'Avalokiteçvara elle-même. Ce sont tu,get , Amoghapâça.
Jusqu'ici, nous ne trouvons rien que de très habituel. Cependant, si nous considérons la partie supérieure de la peinture, nous verrons aussitôt qu'elle se signale par une figuration nombreuse et une composition très développée.
Tout en haut, un Buddha préside au mandala de Kouan-yin. On s'attendrait, naturellement, à y reconnaître son Dhylni-Buddha Amitâbha ; point : c'est le Buddha de Médecine, Bhaishajyaguru. Il est assisté de deux Bodhisattvas assis, une jambe pendante, sur le lotus. La forme de leur tiare, leur costume plus indien, leurs jambes nues, leurs membres grêles, la gracilité des gestes, l'expression rêveuse et calme d'un visage aux traits fins, tout nous montre ici un art d'un caractère nouveau. Il a précisément cette inspiration mélancolique et ce raffinement particulier à l'art des Wei du Nord et il s'oppose au caractère ramassé, vigoureux et un peu lourd des figures de l'époque des Tang. Si nous nous reportons aux inscriptions du mandala de Bhaishajyaguru étudié plus haut (Ch. lii. 003, Pl. LVII ; Th. B., Pl. I, II), ces deux Bodhisattvas sont, à sa gauche, Maiijuçri, à sa droite, Samantabhadra. Comme cette identification s'est trouvée confirmée par la peinture à inscriptions représentant un mandala à ordonnance réduite de Bhaishajyaguru, cotée sous le chiffre (Ch. 00224), il n'y a aucune raison de ne pas tenir compte de cette double indication ici et d'hésiter à identifier les deux Bodhisattvas assistants autrement que par la règle.
Autour du Buddha de Médecine, nous trouvons des personnages divers, quatre figures de prêtres, dont trois parfaitement visibles, et six Bodhisattvas. Ici, les éléments d'identification nous manquent ; mais devant le Buddha, nous retrouvons l'autel flanqué des deux Bodhisattvas porteurs d'offrande ou orants que nous avons rencontrés déjà et signalés comme une partie essentielle des mandalas.
Bhaishajyaguru nous apparaît donc ici présidant au mandala de Kouan-yin avec une telle ordonnance qu'il apporte, en somme, au Bodhisattva de M iséricorde son propre mandala. Au-dessous de lui, on voit un grand cartouche dans lequel il y eut jadis une inscription. On y devine encore les traces d'une inscription tibétaine et d'une inscription chinoise. J'ai pu y déchiffrer les noms de Bhaishajyagura et de Samantabhadra. Si ces éléments sont maigres, ils n'en mettent pas moins hors de doute l'identité du Buddha qui préside au mandala de Kouan-yin.
De part et d'autre de ce cartouche, on voit à la gauche de Bhaishajyaguru et de la figure centrale de Kouanyin, Ma► juçrî monté sur le lion et à leur droite Samantabhadra monté sur l'éléphant. Tous deux sont accompagnés d'une suite nombreuse. Un cornac indien guide le lion ou l'éléphant à six défenses, un Indien au corps noir précède chaque Bodhisattva, portant un vase précieux ou une corbeille d'offrandes, des• anges les précèdent,38 des Bodhisattvas les suivent et derrière ce cortège, deux à droite et deux .à gauche, on voit apparaître les Catur-Mahârâjas, les quatre Rois qui président aux quatre points de l'espace. Enfin, au-dessus de chacun de ces groupes, accroupis sur des nuages flottants, on voit une multitude de petits Bodhisattvas jouant le même rôle que, dans d'autres mandalas, les groupes qui représentaient les Buddhas des dix directions de l'espace.
Nous avons déjà vu dans le mandala des quatre Kouan-yin (Ch. Iv. 0023 ; Th. B., Pl. XVI) Maiijuçri et Samantabhadra apparaître dans le même appareil, montés sur le lion ou sur l'éléphant à six défenses. Ces deux Bodhisattvas sont donc liés aussi bien à Bhaishajyaguru qu'à Avalokiteçvara. Il n'est pas étonnant, par conséquent, de les voir si somptueusement évoqués dans un mandala où le Buddha de Médecine vient présider à la gloire du Bodhisattva de Miséricorde. Ils constituent un lien entre l'un et l'autre que rapproche déjà leur caractère rédempteur. Mais tous les renseignements que peut nous donner la peinture s'arrêtent là. La grave mutilation qui l'a frappée nous prive de toute la partie inférieure où nous aurions trouvé, sans aucun doute, une figuration importante. Peut-être les photographies des fresques de Touen-houang dont M. Pelliot a annoncé la publication nous livreront-elles toute entière l'ordonnance somptueuse de ce mandala d'Avalokiteçvara.
Une autre peinture (Ch. 0074) rappelle, par son style, celle que je viens d'étudier. Les figures ont ce même
48 Ils sont vêtus à la chinoise, les cheveux pendants sur le dos et non noués à la mode de l'époque des Tang. Le Bulsuzô-zuï a une série de seize assistants de ce genre, les - f, Sarasvati-Kumâra. Le cinquième
fl4 [le Kumâra au riz] est une incarnation de
Maiijuçri et le deuxième p T [le Kumâra à la
ceinture de fonctionnaire] de Samantabhadra (Bufsuzô-zuï; vol. ut. 9).
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