blement par des pistes â peine tracées entre les deux murailles de verdure derrière lesquelles se cachaient les monuments, sous l'immense linceul de feuillage où gisait ensevelie la vieille capitale une lutte séculaire se poursuivait, silencieuse mais sans trève, entre les édifices et la forêt. Je devrais forcément renoncer â vous décrire cet ample drame aux cent actes divers s'il ne se résolvait en une multitude de duels particuliers et toujours pareils dont les deux protagonistes sont une tour et un arbre. Le début est â chaque fois le même : une graine de figuier, apportée par le vent ou par quelque oiseau, se dépose dans un peu de poussière au coin d'un pinacle ou d'un fronton. Avec la première saison des pluies, elle germe et croît ; ses radicelles se font racines ; bientôt celles-ci s'allongent, tâtonnent et se glissent â l'aveuglette entre les joints des pierres environnantes, puis se gonflent, et avec la force irrésistible de la végétation sous les tropiques, soulèvent et disloquent les blocs les plus lourds. Déjà, l'arbrisseau est devenu un arbre. Quelques années encore, et la tour se trouve enserrée de partout entre de formidables tentacules de pieuvre, dont certains mesurent plus de trente mètres de long. Avec le temps un tronc énorme se dresse sur le faîte de l'édifice, et les oscillations que le vent imprime â ce gigantesque levier achèvent d'ébranler jusqu'aux fondations. A partir de ce moment les destinées de l'arbre et de la tour sont intimement mêlées : ils ne tiennent plus debout que l'un par l'autre et sont destinés â périr ensemble ; et il n'était pas rare d'entendre au fond des bois le bruit sourd de leur
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