douter que ce complexe sanctuaire ne lui fût dédié.
Fallait-il s'arrêter là dans cette voie nouvelle ? Un relevé minutieux des monuments dégagés, joint au hasard d'une heureuse trouvaille, vient de conduire M. L. Finot â l'élaboration et â la publication d'une théorie toute nouvelle et qui renverse les idées que l'on croyait acquises au sujet de la destination primitive du Bayon.1 Sur la foi d'une inscription brahmanique on croyait que le grand temple central d'Angkor-Thom avait été érigé en l'honneur de Siva. Or il se trouve que notre bonne foi avait été surprise. A la vérité les sivaïtes qui dès la fin du Ixe siècle s'en emparèrent, bûchèrent fort soigneusement toutes les images bouddhiques qui décoraient les niches ou les frontons : et ainsi ils purent croire qu'on ne s'apercevrait jamais de leur larcin et qu'ils avaient effacé jusqu'à la dernière trace de l'affectation primitive de l'édifice. Mais on ne pense jamais à tout. Le massif du troisième étage du Bayon a fait de bonne heure l'objet d'une réfection. Craignait-on qu'il ne cédât sous le poids formidable de la tour centrale ? Toujours est-il qu'on élargit le socle de cette dernière beaucoup plus que ne le comportait le plan primitif, si bien que ses rebords vinrent buter contre les porches et les frontons sculptés de la seconde galerie. L'un des frontons, qui se trouve ainsi complètement caché, échappa aux mutilations systématiques des nouveaux propriétaires. Or, il vient d'être dégagé, et porte une image très nette d'un Lokesvara à quatre
1) L. Finot, Lokesvara en Indo-Chine, dans Etudes asiatiques publées à l'occasion du 25e anniversaire de l'Ecole française d'Extrême-Orient, Paris, 1925, tome I, p. 245 et suiv.
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