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Ancient Khotan : vol.1 |
536 CHINESE DOCUMENTS [Appendix A
Année 789, douzième mois : ` Auparavant, (les gouverneurs de) Ngan-si (Koutcha) et de Pei-t'ing (près de Goutchen) avaient tous deux emprunté le chemin des Houei-hou (Ouïgours) 1. q ig,e pour présenter leurs rapports à l'empereur, et c'est pourquoi ils entretenaient des relations d'amitié avec ce peuple ; cependant, comme le Pei-t'ing (près de Goutchen) était très voisin des Houei-hou (Ouïgours), ceux-ci lui adressaient
sans se lasser des réquisitions extraordinaires. Il y avait aussi plus de six mille tentes des Cha-t`o ist
qui s'appuyaient sur le Pei-t`ing ; puis les trois (tribus) Ko-lou ►'f` (Karlouks) et les T'ou-kiue (Turcs)
à vêtements blancs 0 frig Mqui tous se rattachaient aux Houei-hou (Ouïgours). Les Houei-hou
(Ouïgours) ayant à diverses reprises envahi et pillé (les Karlouks et les Turcs), les T'ou-po (Tibétains) employèrent les troupes des Ko-lou (Karlouks) et des (Turcs à) vêtements blancs pour attaquer le Pei-t`ing ; le grand conseiller des Houei-hou (Ouïgours), Hie-kan-k`ia-sseu A% . q ni, vint à la tête d'une armée secourir (le Pei-t'ing).'
Année 79o, cinquième mois : ` Hie-kan-k'ia•sseu, (général des) Houei-hou (Ouïgours), livra bataille aux T'ou-po (Tibétains), mais il ne fut pas vainqueur ; les T`ou-po (Tibétains) attaquèrent avec un redoublement d'énergie le Pei-t'ing ; les gens du Pei-t`ing, qui d'ailleurs étaient excédés des réquisitions extraordinaires que leur adressaient les Houei-hou (Ouïgours), vinrent avec le chef des Cha-t'o, Tchou-ye Tsin-tchong
i„ j , à la tête faire leur soumission aux T'ou-po (Tibétains). Le tsie-tou-che Yang Si-kou 2
des deux mille soldats qui composaient son armée, s'enfuit dans l'arrondissement de Si uy et (près de Tourfan).'
En automne (790), Hie-kan-k`ia-sseu mit en campagne tous les soldats de son pays, au nombre de plusieurs myriades, et alla tenter de reprendre le Pei-t'ing; mais il fut encore une fois battu par les T'ou-po (Tibétains) ; plus de la moitié de ses soldats périrent .; Yang Si-kou rassembla les quelques centaines d'hommes qui lui restaient et se disposa à regagner l'arrondissement de Si (près de Tourfan) ; cependant Hie-kan-k'ia-sseu, usant de fourberie, lui dit : " Venez pour un moment avec moi à l'ordo (du kagan Ouïgour)." Mais alors on le retint et on ne le renvoya pas ; en définitive on le mit à mort. A partir de ces évènements, le Ngan-si (Koutcha) fut entièrement isolé et nul ne sut quel avait été son sorts ; cependant l'arrondissement de Si (près de Tourfan) continua à se bien défendre pour rester fidèle aux T'ang.'
De tous ces textes historiques il résulte que, dès l'année 766 environ, les Tibétains réussirent à isoler presque entièrement de la Chine le Turkestan oriental et la région de Tourfan et de Goutchen ; les fonctionnaires chinois établis dans ces possessions lointaines de l'empire réussirent cependant à s'y maintenir, et, en 781, ils purent faire parvenir de leurs nouvelles à la cour. En 784, l'empereur, pour reconnaître les services que lui avaient rendus les Tibétains en l'aidant à triompher du rebelle Tchou Ts'eu, était disposé à leur céder ces débris d'une grandeur déchue, mais il en fut empêché par les remontrances de Li Pi. Lorsque le pèlerin Wou-k'ong revint des Pamirs en Chine en passant par Kachgar, Khoten, Aksou, Saïram (?), Koutcha, Karachar et Dsimsa (près de Goutchen), pour partir de cette dernière ville dans le neuvième mois de l'année 789 et arriver à Si-ngan fou dans le deuxième mois de l'année 790, il trouva encore, dans toutes les localités que nous venons d'énumérer, des résidents chinois dont il nous a conservé les noms. Cependant, dès le douzième mois de l'année 789, les Tibétains étaient venus assiéger Pei-t'ing (près de Goutchen) ; les Ouïgours tentèrent vainement de secourir cette place ; ils furent vaincus le cinquième mois de l'année 790 et le résident chinois Yang Si-kou fut obligé de s'enfuir à Tourfan ; cinq mois plus tard les Ouïgours alliés à Yang Si-kou faisaient un nouvel effort pour reprendre le Pei-t`ing, mais ils échouaient cette fois encore et Yang Si-kou allait mourir chez les Ouïgours qui trouvaient plus expédient de se débarrasser de lui que de continuer à le soutenir. A partir de ce moment, toute relation cessa entre la Chine et le Turkestan oriental. Les documents de Dandân Uiliq dont les dates s'échelonnent de 768 à 790 se rapportent à cette période où l'influence chinoise subsistait encore dans tout le Turkestan oriental, bien qu'elle n'eût déjà presque plus de communications avec le gouvernement central.
' Ceci est en parfait accord avec ce que nous apprend la notice sur Wou-k'ong ; nous savons en effet que ce pèlerin, pour se rendre en 789 de Pei-t'ing (près de Goutchen) â Tch'ang-ngan (Si-ngan fou), dut prendre le chemin qui traversait le pays des Ouïgours (Journ. asialique, Sept.—Oct.
1895, p. 37o).
2 Cet officier chinois est mentionné dans la notice sur Wou-leong Journ. asialique, Sept.—Oct. 1895, p. 369).
S Le Pei-t'ing (près de Goutchen) étant tombé au pouvoir des Tibétains, le Ngan-si (Koutcha) fut dès lors entièrement isolé et on n'eut plus aucune nouvelle de la petite garnison chinoise qui y était restée.
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