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Recherches Archéologiques à Begram : vol.1 |
22 | RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES A BEGRAM |
nisée : l'éléphant (i ) et le jalebha (éléphant marin) y voisinent, tous ces éléments étant combinés avec beaucoup d'adresse.
Nous nous limiterons aux comparaisons évoquées ; elles établissent une parenté incontestable entre les figures composites disposées en bordure des plaques d'ivoire mises au jour à Begram et les grylles. De l'avis de M. Blanchet (2), l'origine de ces compositions « doit être cherchée dans certains scarabées de Tharros (Sardaigne)... Il est indubitable que les pierres de cette série sont d'origine phénicienne ou carthaginoise et au moins du III` siècle avant notre ère. « Par conséquent », ajoute M. A. Blanchet, « l'art des grylles s'est développé après cette époque, probablement jusqu'au Ille siècle de notre ère, époque à laquelle il avait sans doute cédé le pas à celui qui produisit les amulettes gnostiques, dont nous connaissons des exemples presque innombrables (3) ». Les grylles ont effectivement connu une très grande vogue entre le Ile et le Ille siècle ap. J.—C. Je ne pense pas, pour ma part, que la figure combinant un masque humain, une tête de cheval et un volatile, qui a servi de modèle au sculpteur sur ivoire, soit de beaucoup antérieure au Ille siècle. Il convient d'ailleurs de remarquer que les motifs qui servent également de point d'origine et d'aboutissement au décor de rinceaux ou aux longues tiges de lotus disposées en méandres réguliers, en particulier les yaksas, qui apparaissent déjà à Sânchî, se manifestent à Mathurâ et à Amarâvati, marquent une tendance à la disparition dès le début de l'époque Gupta (4). Je n'hésite pas, pour ces raisons, à placer l'ensemble des plaquettes sculptées du coffret IX, représentations zoomorphes ou scènes à personnages représentées sur les grandes plaques que nous venons d'étudier, légèrement en marge du domaine propre de l'art Gupta. Je proposerai, comme date approximative, la fin du Ille siècle ou les premières années du Ive siècle ; l'art de nos ivoiriers laissant déjà pressentir ce merveilleux épanouissement que représente l'art des Guptas impériaux.
On ne peut manquer d'être frappé par le degré de perfection atteint, à cette époque (fin du Hie, début du Ive siècle ap. J.—C.), par la technique des ivoiriers ; leur habileté s'affirme avec une étonnante virtuosité. Bien que le rendu du relief soit limité à des indications très nuancées, les formes n'en apparaissent pas moins dans le plein épanouissement d'une sensualité pleine de grâce.
(i) La tête d'éléphant figure sur les c grylles ». Voir A. BLANCHET, op. cit., p. 46. c La tête d'éléphant n'est pas rare, entière ou représentée par la trompe. »
A. BLANCHET, 0p. Cit., p. 5o.
Il y a lieu de tenir compte des trouvailles faites à Ur par Sir LEONARD \VOOLEY : intailles perses du ive siècle av. J.-C., représentant des motifs composites (The Illustrated London News, May 7, 1932, p. 756, fig. 2) et J. ZYKAN, Der Tier;cuber, Artibus Asiae, V, pp. 203-212. Voir également: A. Roes, New Light on the Grylli, Journal of Hellenic Studies, vol. LV (1935), pp. 232-235.
II est permis de se demander si les figures qui se trouvent à l'origine et au point d'aboutissement des rinceaux ne doivent pas être mises en rapport avec les mascarons qui laissent sortir de leur bouche des feuillages, voire des rinceaux. Ce type est représenté dans l'art hellénistique et dans l'art roman.
Nous en avons un exemple sur nos bandes décorées, no' 325 [179 r-s]; il est intéressant de noter que ce type se rencontre encore au vu° siècle dans l'art bouddhique (Fouilles de Fondukistan ; voir fig. 123).
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