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0099 Recherches Archéologiques à Begram : vol.1
Recherches Archéologiques à Begram : vol.1 / Page 99 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000283
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RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES A BEGRAM   91

tiges à tracé sinueux sortent de la bouche et aboutissent à la bouche de yaksas; aux yaksas se substituent parfois des makaras et des éléphants marins (jalebha).

L'origine de ces motifs complexes, associant des faces humaines, surmontées de têtes d'animaux, à des corps de volatiles, paraît devoir se situer en dehors de l'Inde. J. ZYKAN (i), qui a étudié cette question, passant en revue un certain nombre de documents de comparaison, empruntés, les uns au répertoire de l'art nomade, ce qui est le cas pour une plaque en argent (sarmate) trouvée à Nowotcherkask, dans la province du Don, et pour une coupe en or provenant de Verkhnendinsk, en Transbaïkalie (BoRovxA, Scythian Art, pl. 49 a) ; les autres à l'art hellénistique, ce qui est le cas pour des intailles (2), dont quelques-unes remontent à 30o environ avant l'ère chrétienne et pour des objets de même ordre, mais plus tardifs, de caractère gnostique. Ces motifs composites présentent, il faut le reconnaître, de frappantes analogies avec les assemblages qui se trouvent aux points d'origine et d'aboutissement des rinceaux qui constituent la bordure de nos plaques d'ivoire. La fig. H est, à cet égard, particulièrement significative : face humaine barbue, surmontée d'une tête de cheval, aigle et corne d'abondance ; le tout arrangé pour former un oiseau. J. ZYKAN pense que ces assemblages ne sont pas dus à une simple fantaisie d'artiste, mais qu'ils comportent un sens ésotérique (3) ; il ajoute qu'il convient d'être extrêmement prudent en ce qui concerne les questions de datation, du fait que les fouilles pratiquées à Ur par Sir Leonard WOOLEY ont mis au jour des cachets perses du Ive siècle avant l'ère chrétienne, montrant des combinaisons assez proches de celles qui apparaissent sur les intailles hellénistiques (4). J. ZYKAN ajoute que des motifs de cet ordre ont pu avoir été empruntés à l'Egypte, par l'intermédiaire des Grecs, et qu'ils ont pu passer plus tard chez les Basilidiens et autres sectes gnostiques. Nos motifs fournissent des éléments, très proches, il faut en convenir, des « grylles » des intailles hellénistiques. Cette observation, ne visant qu'un lien direct de parenté, laisse en dehors du débat la question encore controversée de l'origine iranienne de ces étranges combinaisons.

Rappelons que le thème yaksa, makara, éléphant marin (jalebha), origine et point d'aboutissement de rinceaux, connut une très grande vogue dans l'Inde du Nord à l'époque Kusiina (Ier-IIIe siècles après J.-C.) ; et que nous ne le rencontrons plus à l'époque gupta. Il n'est pas arbitraire d'établir un rapprochement d'ordre stylistique entre la plaque décorée n° [49I c] que nous étudierons plus loin et la bordure [183 a, bi que nous venons d'examiner; le no [49I c] est une bonne illustration du thème yaksa-rinceaux tel qu'il apparaît à Mathurà et à Amarâvati. Notons pour terminer cette série d'observations, que le décor de pirouettes qui constitue l'élément décoratif périphérique de la plaque décorée ne) [483 a, b] apparaît sur un urceus de verre du Ier siècle après J.-C., publié par A. DEVILLE (5).

(1) J. ZYKAN, Der Tierzauber, Artibus Asiae, V, pp. 2o3-2x2; renseignement communiqué par Mme ODETTE MONOD.

(21 Empruntées à la publication de GEORG LIPPOLD, Gemmen und Kameen des Altertums und der Neuzeit, Tafel LXXXIII.

  1. Voir également A. BLANCHET, Recherches sur les « Grylles n, d propos d'une pierre gravée, trouvée en Alsace, Revue des Études anciennes, t. XXIII, pp. 43-51 (1921) (renseignement communiqué par M. A. BLANCHET).

  2. The Illustrated London News, May, 7, 1932, p. 756, fig. 2, empreinte no 6. ANNE ROES, Motifs iraniens dans l'art grec archaïque et classique, Revue archéologique, 1934, pp. 135-164. Du même auteur : Un motif iranien, Les protomés doubles, Revue des Études anciennes, t. XXXVII, 1935, pp. 289-30o; New Light on the grylli, Journal of Hellenic Studies, 1935, pp. 232-235.

  3. A. DEVILLE, op. cit., p. 21 et pl. XII.