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Recherches Archéologiques à Begram : vol.1 |
122 RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES A BEGRAM
à sacrifier leur vie. Bientôt, ils se mettent en route vers l'Ouest. Et chaque soir, à l'étape, autour d'un foyer improvisé, ils réclament la description de ces lointains pays. A la lueur des flammes ils écoutent, attentifs, oubliant les marches harassantes à travers cette rude montagne. Rien n'existe plus pour eux qu'une vallée immense, verdoyante, des arbres chargés de fruits, des sources fraîches, des ombres propices et douces où le repos est un enchantement. Un chant prenant et mélancolique les plonge dans le sommeil sans qu'ils s'en aperçoivent. Recrus de fatigue, ils se laissent gagner par un rêve qui les transporte vers le paradis inconnu.
Qui, les voyant ainsi, songerait que ce sont là les mêmes hommes qui vont, semant la terreur sur leur passage, pillant tout, impitoyablement?
C'est ainsi qu'un matin d'automne, après des fatigues auxquelles ils ont su résister courageusement, ayant surmonté des difficultés sans nombre, ils aperçoivent, au débouché de la vallée du Saleng, cette grande plaine fertile du Kohdaman.
Sur les visages, marqués par les fatigues et les privations, se peint un profond étonnement. Les guerriers s'arrêtent et il leur faut bien quelques minutes pour comprendre que leur rêve s'est réalisé. L'exubérance de ces cultures, la multitude des arbres les surprend ; le temps de se ressaisir, et ils dévalent au grand galop de leurs chevaux, exprimant leur joie en poussant des cris de convoitise et de victoire. Pris dans cette cohue, enveloppés dans des tourbillons de poussière, Parvan et Marvan réussissent à grand'peine à se dégager et, se voyant impuissants à retenir leurs guerriers déchaînés, ils partent tous deux accompagnés du guide, afin de reconnaître le terrain.
Les paisibles habitants, pour la plupart des cultivateurs et des vignerons, avaient, en grand nombre, abandonné leurs foyers pour se réfugier dans la montagne. L'avance de cette armée dévastatrice avait été signalée, et, en hàte, ils s'étaient enfuis, emportant les valeurs transportables sur leur bétail, ensevelissant tout le reste. Les bazars clos, les maisons abandonnées, tout respirait un morne silence, lorsque cette horde de barbares apparaît sur les lieux. Ils mettent tout à sac, massacrent les quelques malheureux qui étaient restés pour défendre leur bien. Le battement du tambour les interrompt dans leur besogne. Le soleil depuis longtemps était haut dans le ciel. L'ivresse du combat avait duré des heures. Tout le monde se consulte, et lentement le troupeau dispersé se retrouve ; les guerriers se dirigent vers le lieu de rassemblement où leurs chefs les attendent.
<( Vous avez manqué à tous vos devoirs de guerriers, car au lieu de vous divertir et de jouir immédiatement des avantages de la victoire, vous auriez dû, tout d'abord, vous assurer qu'un ennemi proche n'allait pas nous assaillir. Nous étions seuls à veiller sur votre sécurité, cela demande une compensation. La citadelle est proche, l'ennemi est faible ; mais il nous attend. Votre tâche sera relativement facile ; une fois la résistance anéantie, nous serons libres de jouir de tous les avantages du triomphe. » Et, à la tête de leur troupe, Parvan et Marvan investissent la citadelle. Une bataille s'engage ; mais l'adversaire se rend au bout de peu de temps. La citadelle occupée, tout le monde prépare les réjouissances pour fêter la victoire.
Enrichi et couvert de gloire, le guide caravanier regagne son pays, non sans avoir suggéré à l'aîné des frères de se faire élire roi de cette contrée.
Parvan ne semble pas satisfait de son nouvel état. Chaque fois, dans ses promenades sur les murs de sa citadelle, son oeil est attiré par une place forte très semblable à la sienne, pas très éloignée, et la pensée de savoir qu'un ennemi redoutable le guette ne le laisse pas indifférent. D'accord avec son frère, il décide d'écarter ce danger. Les guerriers rassemblés à l'intérieur de la citadelle, il fait appel à leur courage : « Tant que nous aurons en face de nous un ennemi qui nous guette du haut de ses tours, il n'y aura pas de paix. Un ennemi si proche, si faible soit-il, est toujours dangereux. Si vous tenez à garder vos richesses,
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