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0129 Recherches Archéologiques à Begram : vol.1
Recherches Archéologiques à Begram : vol.1 / Page 129 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000283
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APPENDICE

LA LÉGENDE DE BEGRAM — (VERSION DES TAJIKS DE MOHIGUIR) recueillie par Madame J. R. HACKIN et M. AHMED ALI KHAN KOHZAD

Dans un pays lointain. au delà des montagnes, deux redoutables guerriers unis par des liens de famille, liés personnellement par un serment de fidélité, terrorisaient les paisibles caravaniers. Ayant rompu avec l'existence trop monotone qu'ils menaient au sein de leur tribu, ayant abandonné leur foyer, leurs troupeaux, ils aimaient cette vie d'aventure qui devait les mener au loin.

Une réputation, redoutable les précède, et pour échapper au pillage les caravanes s'imposent de grands détours, épuisant bêtes et hommes. Mais ces deux guerriers infatigables, disposant de chevaux magnifiques et rapides, possédant un sens inné du terrain, ne devaient pas s'arrêter pour si peu ; ils eurent beau jeu de découvrir les sentiers détournés qu'empruntaient les caravanes.

Un jour, guettant une caravane, à la sortie d'un défilé, ils découvrent, en voyant surgir des bêtes affolées s'enfuyant dans toutes les directions, qu'ils ne sont pas seuls à opérer sur ce terrain.

Furieux, ils avancent avec précaution dans le défilé, mais les pillards concurrents avaient déjà emporté le butin, ne laissant sur place qu'un homme blessé qui, entendant venir les deux guerriers, implorait leur pitié : « O, nobles seigneurs, voyez, je suis blessé; des hommes armés ont attaqué la caravane, l'ont pillée, mes gens sont en fuite, mes bêtes dispersées ; je suis au bord de la ruine, mais, pour Dieu, aidez-moi. » Et voyant dans les yeux de ces deux guerriers une lueur de bonté, il s'écrie encore, redoutant l'abandon : « La douceur de votre regard me dit que vous n'allez pas me laisser mourir comme un animal sur cette piste déserte. » Les deux frères, Parvan l'aîné, Marvan le plus jeune, s'emparent du blessé et le transportent jusqu'à leur refuge.

L'homme qu'ils avaient recueilli possédait le don très particulier de les charmer en leur faisant le récit de mainte aventure : « Je reviens d'un pays aux cent merveilles et je voudrais qu'un jour il me soit possible de vous y conduire. Ma caravane était chargée de transporter des fruits variés ; n'eût été ce pillage, j'aurais pu vous les faire goûter, mieux que ma parole, ils vous auraient donné un avant-goût de la fraîcheur délicieuse qui règne dans ce pays, où il n'y a que richesse et opulence. Pourquoi, groupant quelques partisans, n'iriez-vous pas à la conquête de ce monde nouveau ? Je vous servirai de guide. »

Alléchés par la perspective d'une si belle aventure, Parvan et Marvan commencent à recruter des partisans, guerriers comme eux et comme eux assoiffés d'aventure. Leur réputation aidant, ils se trouvent bientôt à la tête d'une armée d'hommes farouches qui jurent de les suivre, prêts 16