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0069 La Vie du Bouddha : vol.1
仏陀の生涯 : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / 69 ページ(白黒高解像度画像)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   67

Un autre n'est pas moins explicite : « C'est parce que le sein qui a été une fois occupé par le Bodhisattva, pareil au sanctuaire d'un

temple, ne doit plus avoir d'autre occupant. » Bref, la femme qui a eu le suprême honneur de mettre au monde un futur Bouddha ne saurait plus être désormais ni épouse ni mère.

Cette seconde raison a paru trop tranchante au rédacteur du Lalita-vistara qui a préféré, pour clore le débat, en alléguer une troisième de son cru : « Or, sept nuits après la naissance du Bodhisattva, sa mère, la reine Mâyâ, décéda. Décédée, elle renaquit parmi les Trente-trois dieux. Et vous penserez peut-être : C'est par la faute du Bodhisattva que la reine Mâyâ est morte . En vérité il ne faut pas voir les choses ainsi. Et pourquoi cela ? C'est que le terme extrême de sa vie était arrivé. Des Bodhisattvas du temps passé les mères aussi moururent sept jours après leur naissance. Et pourquoi cela ? C'est que le Bodhisattva, une fois devenu grand et dans la plénitude de sa force, au moment où il quitte sa maison (pour embrasser la vie religieuse) le coeur de sa mère se serait brisé. »

Ainsi vous avez le choix : la mort prématurée de Mâyâ est l'effet soit d'une inexorable fatalité, soit d'une convenance théologique, soit de la clémence du destin. Malheureusement aucune de ces trois raisons, ni la brutale, ni la morale, ni la sentimentale, n'a la moindre valeur historique ; et l'historicité du fait, qui nous était d'abord si clairement apparue, en demeure à jamais obscurcie. Assurément nous sommes toujours certains que Mâyâ est morte : mais nous devons à présent renoncer à savoir au juste à quel moment. Si la première et la troisième raison ne nous en imposent guère, la seconde est profondément troublante. Quelle garantie avons-nous en effet, après ce que nous venons de lire, que les propagandistes bouddhistes ne se soient pas promptement débarrassés de Mâyâ en vue d'écarter une fois pour toutes l'épineuse question toujours fichée au flanc de l'apologétique chrétienne, à savoir celle des frères et soeurs « selon la chair » de Jésus-Christ ? Voyez avec quelle. constance inlassable les défenseurs de l'orthodoxie s'attachent depuis st Jérôme à nier l'existence de ces derniers, tant elle leur paraîtrait choquante : pour nous comme pour les Indiens, la mère d'un Sauveur ne doit jamais plus courir le risque de concevoir ni d'enfanter.

Si nous renversons maintenant les termes de l'expérience et que nous passions des données évangéliques .à celles des soutra bouddhiques, nous arrivons à des résultats sensiblement analogues. Il faut avouer que les textes chrétiens n'usent guère de ménagements envers la Vierge Marie et qu'ils ne lui épargnent sur terre aucune affliction. Rappelez-vous seulement l'image naïvement symbolique créée par notre Moyen Age de Notre-Dame des Sept douleurs, au coeur percé de sept glaives. La légende bouddhique s'efforce au contraire, nous l'avons vu, d'atténuer et d'adoucir ce que le sort de Mâyâ a de cruel. Non seule-