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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0096 La Vie du Bouddha : vol.1
仏陀の生涯 : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / 96 ページ(白黒高解像度画像)

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doi: 10.20676/00000286
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94   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

l'écart. Toujours on le retrouve au pied de son pommier-rose et toujours l'ombre de cet arbre, au lieu de se raccourcir et de tourner comme de règle à mesure que monte le soleil, est restée pieusement immobile pour continuer à abriter le futur Bouddha. Sur quoi toute l'assemblée crie fort légitimement au prodige, et, pris d'un nouvel accès d'admiration superstitieuse, Çouddhodana adore son fils pour la seconde fois.

Tels sont les traits essentiels, et presque constamment répétés de texte en texte, de la première manifestation de la vocation religieuse de Siddhârtha ; - si adroitement qu'ils soient agencés, ils n'en laissent pas moins subsister quelque incertitude sur les intentions réelles des rédacteurs. Le fait que nous attendions un miracle et que l'on nous.en offre trois n'est pas ce qui nous embarrasse : les deux prodiges de l'arrêt sur place des rishis et de l'immobilité de l'ombre ne sont que les marques visibles du troisième et ne font que confirmer son caractère surnaturel. Si à présent l'on songe que la méditation est pour les bouddhistes l'équivalent de la prière mentale pour les chrétiens, on achève de comprendre l'importance qu'a pu revêtir pour les- premiers la précoce découverte par leur Maître de leur principal exercice de piété. Nous l'avons pour notre part si bien compris que nous avons inscrit son nom en tête de notre paragraphe, et nous nous croyions en droit de compter qu'elle serait aussi pour nos auteurs la pièce maîtresse de l'épisode. Or, en fait, il n'en est rien. On dirait à les lire que ce qui importe surtout pour eux c'est la scène du labourage et (dès que le Bodhisattva est supposé avoir atteint l'âge de raison) la déplorable impression que cette scène a faite sur lui. De son « grand trouble » le Mahâvastou ne donne encore qu'une explication enfantine ; la charrue a retourné en même temps une grenouille et un serpent ; mais oyez leur triste aventure : le serpent a avalé aussitôt la grenouille et a été lui-même immédiatement dépêché par un petit, villageois. Les raisons données par le Bouddha-tcharita, pour qui le prince est déjà homme fait, sont de nature à nous faire réfléchir davantage : le sein de la terre est, nous dit-il, écorché, les herbes arrachées, les insectes et les vers écrasés, les hommes et les boeufs recrus de fatigue ; et, dans le feu de la description de tous ces maux, Açvaghosha, intentionnellement ou non, oublie de mentionner le miracle de l'immobilité de l'ombre. Quant au Lalita-vistara, il intitule froidement son chapitre « le Village des laboureurs » et ne se met plus en peine d'entrer dans aucune explication, tant il est bien connu d'avance que cette visite a suffi à « bouleverser l'esprit » du Bodhisattva. Comment expliquer à notre tour cette singulière façon de reléguer au second plan le fond édifiant de la scène pour n'en mettre en vedette que le décor, alors que celui-ci est un objet de scandale ? Nous'en avons naguère rendu responsables les monuments figurés qui, pour représenter le miracle psychologique de la Méditation, ont dû forcément recourir à un