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0220 La Vie du Bouddha : vol.1
仏陀の生涯 : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / 220 ページ(白黒高解像度画像)

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doi: 10.20676/00000286
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218   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARÈS

de l'accueillir dans son ermitage ; mais en ce jeune çramane à la tête rasée, jouissant déjà de la faveur des villageois d'alentour, il ne tarde pas à soupçonner un dangereux rival. De l'aveu même de la légende, la contestation sera des plus dures et le Bouddha devra s'employer à fond. Il ne réussira à triompher de l'orgueil obstiné de son vieil adversaire qu'à coup de miracles — trois mille cinq cents, disent les textes pâli ; cinq cents, dit le Mahâvastou, pour une fois plus sobre. Par bonne chance nul n'a prétendu les décrire ni les énumérer tous, et le tri que les imagiers ont fait à leur tour parmi les plus importants d'entre eux achèvera de nous aider à reconnaître ceux qui, restés les plus vivants dans l'imagination populaire, seuls méritent à ce titre de retenir un instant notre curiosité.

Nous glisserons donc sur les disparitions ou réapparitions quasi instantanées du Bouddha — le temps que met un homme fort

à déployer ou à reployer son bras — selon qu'il lit dans la pensée

du rishi le désir d'être débarrassé de sa présence ou le regret de son absence ; et aussi sur les merveilleuses visites nocturnes que

Brahma et Indra rendent au seul Prédestiné et qui illuminent

toute la contrée. La verve des conteurs (et, à leur suite, celle des vieux imagiers) s'était particulièrement dépensée en variations

comiques sur le thème inépuisable de « l'ermitage ensorcelé » :

il est bien permis de s'amuser un peu aux dépens de ses adversaires. Tantôt c'est le sommaire mobilier ou les rares ustensiles

de ménage des anachorètes qui deviennent invisibles au mo-

ment de s'en servir ; tantôt même ce sont les accessoires rituels du sacrifice qui refusent inopinément leurs services. Tour à

tour le bois du bûcher ne consent plus à se laisser fendre, ni le

feu sacré à s'allumer, ni l'oblation à se détacher de la cuiller : puis soudain tout rentre dans l'ordre. Chaque fois les brahmanes

se doutent bien que ces phénomènes, qui pour eux n'ont rien de

divertissant, ne s'expliquent que par l'intervention magique du « çramane Gaoutama », opérant à distance et sans avoir l'air de

rien ; mais ils n'en continuent pas moins à se croire plus forts en magie et plus éminents en sainteté que leur mystificateur. Pour courber définitivement leur superbe on comprend que ces petites niches d'apprenti-sorcier ne suffisent pas. Il y faut un miracle sensationnel, et, chose curieuse à noter, ce miracle décisif n'est pas le même dans les deux grandes traditions dites du: 'Sud et du Nord : en bref, pour brusquer le dénouement de ce conflit interminable, celle-là a fait intervenir l'eau et celle-ci le feu.

Toutes deux connaissent d'ailleurs ce dernier prodige bien qu'elles ne soient pas d'accord sur l'importance du rôle qu'il convient de lui attribuer. Le Bouddha demande à Kâçyapa d'Ouroubilvâ la permission de coucher dans la hutte où celui-ci conserve son feu sacrificiel ; et fort honnêtement le vieillard le détourne de commettre une aussi fatale imprudence, car ce lieu est hanté par un mauvais dragon redouté de tous. Çâkya-mouni