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0091 Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.3
Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.3 / Page 91 (Grayscale High Resolution Image)

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doi: 10.20676/00000289
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VOYAGES I)E PIERRE POIVRE   83

de la Cochinchine à l'Isle de France plus de trois cents plants de tout ce que le Pays produit en arbres et plantes utiles, telles que le cannelier, le poivrier, l'Aloué ou bois d'Aigle', les arbres qui donnent la

1. Poivre lui-même écrit dans son Journal d'un Voyage h la Cochinchine, p. 432 : « J'ay acheté du bois d'aigle de la 3° sorte qui vaut ordinairement dix-huit à vingt quans le pic. C'est une marchandise à laquelle il est fort aisé d'être trompé. Les Cochinchinois mêlent adroitement parmi ce bois des morceaux contrefaits peints à l'extérieur et embaumés à la fumée du vrai, de façon qu'il faut être bon connaisseur pour n'être pas surpris.

  • Il faut sçavoir qu'il y a trois sortes de bois d'aigle, la première qu'ils nomment Khi-nain, c'est le coeur de l'arbre d'aloë qui est si résineux qu'on peut y enfoncer l'ongle comme dans la cire. Il se vend fort cher et le Roy a seul le droit de vendre cette marchandise ; c'est le bois de Calembat.

  • La seconde sorte se nomme Clam hieong, en français Calembouc. Il paroît presque aussi résineux que l'autre, mais il a plus de bois et est par conséquent plus léger et plus dur. Cependant lorsqu'on le jette dans l'eau, il ne surnage point et c'est la marque la plus sûre pour le connoistre. Il est d'une couleur brune avec beaucoup de petites taches noires occasionnées par la résine qui rend cette douce et agréable odeur qui le fait rechercher par les Orientaux pour parfumer leurs maisons et composer leurs parfums. Cette seconde espèce vaut de sept masses à un quan jusqu'à un quan et demi la livre. Il y a un bénéfice considérable à la porter à Suratte, Gedda, Moka, Bassora, etc.

La troisième espèce est le bois d'aigle proprement dit. Les gens du pays le nomment thie hieong. Il est plus blanc, plus léger, moins résineux que les deux autres espèces. Il se vend de trente à quarante quans le pic suivant les années. Les trois espèces sont le même arbre plus ou moins mùrs, plus ou moins résineux.

  • On pourvoit à ces trois espèces en ajouter quatre autres que les gens du pays nomment sin hieong, c'est-à-dire bois d'aigle verd; il se vend dix-huit quans, le pic; lao hieong, douze quans; nhil hieong, dix; nhi hieong, trois quans. Ces trois espèces sont un bois blanc sans presque aucune veine noire. Elles sont du même arbre à la vérité, mais sans résine et par conséquent sans parfum et sans valeur. Les Cochinchinois marchands de bois d'aigle ne manquent jamais de glisser parmi la troisième espèce de grosses bûches de ces dernières auquelles ils sçavent donner la couleur comme si elles étaient de la seconde espèce. Il faut les rebutter, autrement on feroit de mauvais marchés, parce que les bûches pèsent beaucoup. »

Bois d'aigle, traduction du latin lignum aquilae, traduit du malais agita d'où le portugais pào de' aguila. Cf. A. CABATON, les Chams, p. 50. -- YULE-CORDIBIm's Marco Polo, II, p. 271 n.