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Mémoires Concernant l'Asie Orientale : vol.2 | |
東アジアの記憶 : vol.2 |
A PROPOS D'UNE STÈLE SCULPTÉE D'ANGKOR-VAT 121
M. Foucher a déjà noté,' que, dans la littérature comme dans l'iconographie, la Terre apparaît devant le Bodhisattva « par des procédés renouvelés des Grecs.». Le texte päli que je viens de traduire confirme dans une certaine mesuré l'impression classique laissée par les documents purement indiens, et le procédé littéraire n'est certainement pas sans valeur, qui consiste à matérialiser la Charité du Bodhisattva sous l'apparence de l'eau qu'Il a, des centaines et des milliers de fois, répandue sur la Terre, à l'occasion de chacune de ses donations. On aimerait connaître l'origine de cette image, d'un art assez raffiné, qui semble difficilement issue de cerveaux indochinois.
La seule présence du texte en question dans la Pathainasantbodhi, ne donne aucune indication précise sur son origine ni sur sa date. Les compilateurs de la Pathanucsarnbodhi semblent avoir puisé aux sources les plus diverses : A côté de passages découpés dans la 1Vid&nakathd, on y trouve la légende d'Upagupta, qui semble être venue du Nord, par la Birmanie 2. Quant à la date de l'ouvrage, si la recension en trente chapitres a été, selon son colophon, compilée à Bangkok en 1845 par le prince Paramanuxit Xinnorot, il en existe une recension plus courte et plus ancienne, comprenant notamment le Mararijaya3. D'ailleurs, la Pathanaasambodhi est citée dans le Gandhavantsa4 qui date du dix-septième siècle.
En présence de ces incertitudes, la stèle d'Angkor-Vat est un document précieux qui nous fait remonter beaucoup plus haut. Il n'est pas douteux, en effet, qu'elle ne soit ancienne. Le Bodhisattva y est traité dans le style des statues du Bouddha qu'ont exhumées les récentes fouilles d'Angkor. Frappante est l'analogie. déjà signalée par M. Foucher, entre le Mära de la stèle et les Rävanas d'Angkor-Vat.
Ajoutons que l'assaut de Mära est également figuré sur l'un des frontons du sanctuaire de Phnom Bachei ou Vat Nokor, près de Kompong; Cham 5. La scène est traitée dans ses grandes lignes comme sur la stèle d'Angkor-Vat, avec cette différence que le Buddha, de taille relativement plus petite, est ici juché au haut d'un piédestal étroit et très élevé qui occupe le milieu de la composition : or, dans une sorte (le biche pratiquée au beau milieu de ce socle, la Terre, à demi agenouillée, porte à sa tête la main droite et tient au bout de l'autre bras l'extrémité (le sa longue tresse
tordue.
Un autre témoignage, également (l'ordre iconographique, tend à prouver l'ancienneté de la légende qui nous occupe. C'est l'existence, au Siam, d'anciennes
Art gréco-bouddhique du Gandhdra,1, pp. 398399.
DUROISELLE, Upaqutta et Mara, 1 v, 414.
CABATON, Calai. mss. 13. N., n°' 300 à 321 (Mss. datant du dix-huitième siècle).
Ed. MINAEV, J. P. T. S., 4886, pp. 65 et 75.
ASIE ORIENTALE. - lt.
Voir FOURNEREAU, Ruines Khmères, pl. 71 : on notera qu'au cours du report du cliché sur la planche, la droite et la gauche de la photographie ont été interverties. — Sur le temple en question voyez les références données par L. DE LAJoNQGIERE, Inventaire descriptif des Monuments du Cambodge, 1, p. 92.
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