FOUILLES EN ASIE CENTRALE 187
l'époque des T'ang qui les ornaient, et vingt ans plus tard par notre compatriote, M. Charles-Eudes Bonin, qui en rapporta des estampages dont les inscriptions ont été publiées depuis par M. Chavannes dans le Recueil de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Quelque temps avant l'arrivée de Stein, des ouvriers avaient découvert une grotte restée murée jusqu'alors, pleine de manuscrits, dont des spécimens furent envoyés aux autorités de Lantcheou, capitale du Kan-Sou, qui les jugeant sans doute sans intérêt ordonnèrent qu'ils fussent remis en place. Chose curieuse, quoique le lieu fut consacré à Buddha, Wang, un prêtre Taoïste, en était le conservateur. Les caves étaient ornées de fresques, l'une représentant Buddha entre des disciples, bodhisattvas et dvarapalas. Toutefois avant d'essayer de pénétrer dans la grotte aux manuscrits, Stein résolut d'examiner l'ancienne ligne frontière, formée d'un mur construit de couches alternatives d'argile compressée et de fascines, avec des tours de garde, marquant l'ancienne route de Ngan-si au Lob-Nor à l'époque des Han ; une de ses premières découvertes fut celle de trois fiches de bois avec des caractères chinois de la période Young-Ping (Kien-Wou) 58 ap. J.-C. Ce n'était que le prélude de la trouvaille de nombreux documents de l'époque des Han qui furent remis à M. Chavannes et dont nous parlerons tout à l'heure. Il semble que cette Grande Muraille avait pour but non seulement de défendre le territoire au sud du Sou-lo-ho, comme le dit Stein, mais avait aussi un caractère offensif. Il n'est peut-être pas hors de propos d'expliquer ce qu'était l'ancienne Grande Muraille et la nouvelle Grande Muraille ; aussi bien M. Chavannes nous donne