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Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.3 |
VOYAGES DE PIERRE POIVRE 105
térêt possible de me traverser; j'appréhendais leurs vaisseaux avec d'autant plus de raison que j'étais
sans ressource pour pouvoir leur échapper et au cas que j'eusse le malheur d'être arrêté par un de leurs
garde-côte, je ne pouvais pas même me flatter de la triste espérance d'être un jour réclamé par ma nation. Je connaissais trop la disposition des esprits pour ne pas prévoir que mes malheurs seraient un motif
de joye pour ceux même qui auraient dû s'intéresser à mon sort, et que loin de penser à me tirer des
mauvais pas où mon zèle pour la patrie aurait pp me jetter, on serait assez injuste pour me rendre responsable des événemens après m'avoir refusé les secours nécessaires pour réussir.
Ces considérations ne me découragèrent pas. Je fis caréner et doubler à neuf ma frégatte qui coulait
bas d'eau dans le port même. Je lui fis ajouter une
fausse quille pour diminuer sa dérive; je fis augmentezlde six pouces le saffran de son gouvernail
que le bâtiment ne sentait pas assez. Je recouvrai trois de mes déserteurs et remplaçai les autres par ce que je pus amasser de matelots indiens.
Le vaisseau étant chargé et même bondé de marchandises, je partis de Manille le 22 janvier 1755. Je
cottoyai les Isles Philipines jusqu'à Mindanao, et mouillai le 3 de février à l'entrée du port de la Caldeira. Je dépêchai de là une lettre, avec un exprès, à Sambuangan, et sur la réponse du Gouverneur, je me rendis le six dans sa rade.
A Sambuangan, le Gouverneur m'apprit que pour n'être pas revenu à Manille en 1753, comme je l'avais promis, j'avais manqué la plus belle occasion du monde de réussir; qu'en janvier 1754 il était venu dans sa rade deux embarcations molucquoises avec
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