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Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.3 |
148 MÉLANGES ORIENTAUX
cabinet de St. James, et certes sa jalousie et son ambition ne manqueront pas d'en donner, la marine coloniale de la République française et de l'Espagne réunie fermerait hermétiquement aux Anglais l'entrée de la Chine. Que deviendra alors la Compagnie 'anglaise des Indes? on peut, je crois, sans être soupçonné d'exagération, prédire sa chute. Quel coup pour le crédit. Le Gouvernement anglais enverra-t-il une escadre pour la combattre? Quelle dépense! et dans quel état arriveront les équipages après une traversée de 6000 lieues sans autre relâche que celle d'Achen dans l'île de Sumatra, si les établissements hollandais lui sont fermés comme il est naturel de le préjugerl. Avantage incalculable qui devra conduire inévitablement l'Angleterre à sa perte : cette raison prépondérante n'est-elle pas faite pour décider la cour d'Espagne à un sacri-
fice utile? •
Mais dira-t-on, comment engager le cabinet de Madrid à faire la cession d'une ou plusieurs isles dans cet archipel sans avoir à lui offrir aucun objet de compensation? La réponse est facile : son intérêt et la sûreté des Manilles qui sans cela tomberaient tôt ou tard dans les mains des Anglais et desquelles il ne les retirerait jamais.
Le Gouvernement espagnol est trop éclairé pour ne pas pas sentir qu'un établissement français aux Philippines garantit sa colonie des Manilles de toutes les entreprises que l'Anglais pourrait y faire. Oui peut assurer que dans ce moment même il n'ait point tenté, et peut-être réussi à s'en emparer? L'expérience justifie cette crainte, ne l'a-t-il pas -rançonnée en 1762? et si l'amiral français dans la guerre d'Amérique, n'avait pas su occuper les forces navales de l'Angleterre, les Manilles auraient encore subi le même sort : il est bien prouvé que, quand on a pour voisin son ami, avec lequel on est lié par un intérêt mutuel, on acquiert une double
force.
Les Manilles sont plus à charge que profitables au Gouvernement Espagnol : un seul galion y vient chaque année d'Acapulco, y dépose des piastres qui servent à payer l'état civil, militaire et religieux de cette colonie, et y prend en échange
1. « Quand ce mémoire a été fait, l'auteur ignorait que l'amiral hol-
landais Lucasétait parti de la Batavie pour reprendre le Cap de Bonne-Espérance.
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