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0019 Jades Archaïques de Chine : vol.1
中国の古玉 : vol.1
Jades Archaïques de Chine : vol.1 / 19 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000245
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au contact des populations aborigènes qu'ils avaient subjuguées ; une telle solution n'est pas impossible, mais doit nous inciter à une grande réserve aussi longtemps que les données de l'anthropologie, de l'ethnographie et de l'archéologie n'auront pas prouvé que l'hypothèse de la migration est nécessaire. Cette hypothèse même ne rendrait d'ailleurs pas compte du fait qu'à côté de la poterie peinte que les envahisseurs auraient apportée d'Asie Centrale avec eux, on ne trouve encore rien dans les stations énéolithiques de l'Extrême-Orient qui rappelle les autres grandes innovations sur lesquelles on a voulu parfois appuyer la théorie de la migration, en particulier aucune trace d'écriture. Si ces innovations sont arrivées d'Asie antérieure ou d'Asie Centrale en Extrême-Orient, on devra donc envisager des apports successifs, mais ces migrations d'idées ou d'objets n'entraînent pas nécessairement des migrations de peuples.

Si j'ai mentionné ici la théorie qui fait venir d'Asie Centrale les Chinois et leur civilisation la plus ancienne, c'est que cette théorie peut paraître trouver un appui indirect dans la vogue que le jade a eue de tout temps parmi les Chinois. M. Laufer (Jade, 3-5) a insisté sur la rareté des gisements de jade et la difficulté de travailler cette pierre, et est allé jusqu'à dire : « Rien ne pourrait m'amener à croire que l'homme préhistorique de l'Europe centrale se soit attelé incidemment et spontanément à la tâche ardue d'extraire et de travailler le jade. » Autrement dit, même si les habitants primitifs de l'Europe centrale ont trouvé incidemment du jade autour d'eux, il faut que l'idée d'en tirer parti leur soit venue du dehors. Ce que M. Laufer dit ici de l'Europe centrale, on peut être tenté de le dire aussi de la Chine. Même si, à l'époque archaïque, du jade s'est rencontré sporadiquement sur le sol chinois, n'est-il pas normal de supposer que les Chinois ne l'ont remarqué, recherché et utilisé que parce qu'ils le connaissaient déjà dans leur pays d'origine, le Turkestan chinois, où il existe en abondance et a dei être travaillé de très bonne heure ' ?

Malgré le caractère très fragmentaire de nos informations, je ne penche pas actuellement vers une telle solution. Sir Aurel Stein a rapporté de la région du Lop-nor deux haches et trois pointes de flèche en jade, j'ai acquis moi-même d'un paysan de Qum-turâ, à l'ouest de Koutcha, deux haches de jade qui sont aujourd'hui au musée de Saint-Germain. Mais ce maigre matériel n'autorise pas un rapprochement formel avec ce qu'on a trouvé dans la Chine propre ; M. Laufer (Jade, 35), parlant des objets trouvés par Stein, va même jusqu'à déclarer, trop formellement peut-être, que « sans aucun doute » ces objets n'ont pas de lien avec la culture chinoise. Cette opinion dût-elle s'avérer plus tard inexacte et le lien au contraire existât-il, qu'on pourrait songer à des influences par contacts et échanges autant qu'à des migrations. Un fait reste cependant, acquis depuis peu de temps. M. Andersson et ses collaborateurs, qui ont reconnu et exploré 38 sites énéolithiques dans la Chine du Nord, n'avaient pas recueilli de jades en Mandchourie et au Ho-nan ; mais, dans un des cimetières énéolithiques du Kan-sou, ils ont trouvé quelques morceaux taillés, et même quelques larges anneaux plats, en jade « d'un type que nous avons coutume d'attribuer à Khotan au Turkestan chinois » s. Il est d'ailleurs possible,

I. Cette hypothèse est déjà formulée dans Bishop, Investigations, I, 223.

2. J. G. Andersson, Prelimin. Report on archaeolog. research in Kansu, dans Mem. of the Geolog. Survey of China,

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