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0027 Jades Archaïques de Chine : vol.1
中国の古玉 : vol.1
Jades Archaïques de Chine : vol.1 / 27 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000245
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Yin, dans le deuxième millénaire avant notre ère. Mme Pope-Hennessy, à raison de la « rareté de l'objet » et de la « grande profondeur » à laquelle il aurait été trouvé, estime que « the belief that the dagger is of pre-Chou origin may be just ». Mais elle ajoute, à propos des couteaux de la collection Eumorfopoulos, que ces couteaux ou dagues incurvés pourraient être les « sabres de jade » qu'en 409 av. J.-C. le duc Kien de Ts'in ordonna à tous ses officiers de porter à sa cour, en place des « jades de ceinture » que le protocole exigeait auparavant. Le flottement entre les deux dates proposées est, on le voit, d'un millier d'années.

En réalité, les prétendus « sabres de jade » de 409 av. J.-C. ne doivent pas entrer en ligne de compte ; Sseu-ma Ts'ien, qui est la source de Mme Pope-Hennessy, ne parle en effet que de « sabres » tout court et il y a tout lieu de penser qu'il s'agit de sabres métalliques '. Mais cela ne veut pas dire que, de ce chef, la date la plus ancienne gagne beaucoup en autorité. Voici comment, à mon sens, le problème se pose.

En premier lieu, il me paraît certain, tout comme à M. Laufer ou à Mme Pope-Hennessy, que tous nos « couteaux »s sont des insignes de rang ou des instruments rituels ; il s'agit d'armes d'apparat ou de pseudo-armes, qui n'ont jamais servi. Par ailleurs, ces insignes de rang ou instruments rituels reproduisaient plus ou moins fidèlement un type d'arme ancien ; mais il ne me paraît aucunement certain que cette arme ancienne ait été un couteau, un poignard ou une épée. Ici, comme plus haut pour l'arme en jade et bronze de la pl. III, fig. 2, le trou percé au haut de la poignée me paraît donner une indication assez précise. S'il s'agissait d'un trou de suspension ou d'un trou destiné à passer des cordons d'ornement, sa place serait plus prés de l'extrémité de la poignée, et non au voisinage de la « garde ». Ces « poignées » plates se prêtent d'ailleurs très mal à être tenues en main. On remarquera en outre que les stries longitudinales de la poignée cessent sur l'exemplaire de Touan-fang avant d'arriver à hauteur du trou. Enfin, dans l'hypothèse d'un couteau ou d'une épée, les encoches terminales de la poignée n'ont plus de raison d'être. Pour tous ces motifs, j'incline à penser que nos « couteaux » de jade sont imités d'une arme qui était montée à angle droit sur un manche, et cette arme ne serait autre, selon moi, que l'ancien ko. Aujourd'hui on traduit généralement le mot ko par « lance », mais dans la Chine archaïque, ainsi que l'a bien vu M. Andersson, le ko a été une « hache-poignard » qui semble s'apparenter directement aux haches-poignards de pierre en usage à l'époque néolithique 2. On objectera peut-être qu'une hache-poignard à lame de près d'un métre de long,

I. Cf. Chavannes, Mémoires historiques, II, 57 ; et Mme Pope-Hennessy elle-même, p. 6o. Les expressions « couteau de jade » (yu-tao) ou « épée de jade » (yu-kien) sont d'ailleurs 3 peu près ignorées de l'ancienne littérature chinoise ; je ne trouve pas actuellement d'exemple ancien deyu-tao, et ne rencontre pas yu-kien avant le Chouo yuan de Lieou Hiang, c'est-à-dire avant la fin du 1« siècle avant notre ère.

2. Cf. Andersson, An early Chinese culture, Pékin, 1923, in-8, pp. 8-Io et pl. V ; voir aussi B. E. F. E.-O., XXII, 355-357 et pl. XXI et XXII (magnifiques exemplaires de ko archaïques en bronze). M. Andersson a reproduit plusieurs formes archaïques du caractère ko qu'on rencontre sur des bronzes des « Trois dynasties », mais en a omis un des types les plus fréquents, c'est-3-dire celui où les bouts des cordes d'attache pendent à l'extrémité du talon d'emmanchement ; cf. par exemple Kiun kou lou kin wen, I, 1, 5 r°, 7 vo; I, it, 17 v°, 39 vo, 57 r°, 72 vo, 83 v°, etc. ; j'incline à penser que ces cordes passaient par les encoches terminales qui ont survécu au bout de la « poignée » dans certains de nos « couteaux ». Sans vouloir faire un cas excessif de l'argument, je ferai en outre remarquer que nous connaissons bien les épées chinoises anciennes, qui sont toujours droites, et que les couteaux représentés sur les bronzes (par exemple dans Kiun kou lou kin wen, I, u,

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