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0031 Jades Archaïques de Chine : vol.1
中国の古玉 : vol.1
Jades Archaïques de Chine : vol.1 / 31 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000245
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— 2I —

moins arrondie et des côtés bien droits ; aucune, pas plus le prétendu yen-kouei que les autres, ne présente cette sorte de poignée ou de talon d'emmanchement qui existait sur tous nos « couteaux » et que nous retrouvons sur les trois jades à extrémité concave que j'étudie maintenant. Wou Ta-tch'eng possédait cependant une « tablette » à saillies latérales et à « poignée », et cette particularité lui a paru suffisante pour reconnaître là le ya-tchang, ou « [jade] tchang à dents », dont il est question dans le Tcheou li ; les dimensions, il est vrai, ne concordaient pas avec celles indiquées dans le Tcheou li, mais Wou Ta-tch'eng, qui tenait les prescriptions du Tcheou li pour celles en vigueur sous les Tcheou occidentaux, en était quitte pour dire que les mesures avaient dei étre modifiées après que les Tcheou s'étaient transportés à Lo-yang (ville siècle avant notre ère). D'autre part, le Tcheou li connaît d'autres tablettes (?) tchang, de nature et de forme très obscures, et Wou Ta-tch'eng, en voulant leur identifier une autre pièce de sa collection, en met en avant une qui n'a ni saillie latérale, ni talon d'emmanchement'.

Bien que M. Laufer, le Dr Gieseler et Mme Pope-Hennessy aient accepté ici les identifications de Wou Ta-tch'eng, il me semble que les documents dont nous disposons permettent de montrer qu'elles ne reposent sur aucun fondement. En premier lieu, les mesures faites par Wou Ta-tch'eng quand il ne disposait que d'exemplaires uniques et ses efforts pour les ramener aux dimensions indiquées par les textes nous apparaissent parfaitement illusoires maintenant que nous avons pour chaque catégorie des spécimens de toutes tailles. En outre on se rappellera que Wou Ta-tch'eng n'avait aucun des «couteaux» pointus à talon d'emmanchement étudiés dans nos paragraphes précédents et dans lesquels j'ai proposé de reconnaître l'aboutissement d'anciens ko. S'il a vu un kouei, et spécifiquement un yen-kouei, dans son jade se terminant en un segment de cercle concave, c'est que celui-ci se présentait comme ses autres kouei, sans talon d'emmanchement 2. Enfin la seule pièce de sa collection offrant un talon d'emmanchement lui a paru par là même tellement spéciale qu'il l'a très arbitrairement identifiée pour cette seule raison à un jade qui devait par définition comporter une ou des « dents ». Maintenant que nous avons tous nos « couteaux » pointus, que nous savons que presque tous les prétendus yen-kouei ont un talon d'emmanchement, enfin que ce talon d'emmanchement et les protubérances latérales qui le délimitent ne peuvent par suite servir à identifier un ya-tchang, nous n'avons qu'à rejeter les explications de Wou Ta-tch'eng aussi bien pour le ya-tchang que pour le yen-kouei.

Toutefois, si Wou Ta-tch'eng s'est trompé quant au nom du yen-kouei, il a émis sur le prototype dont il dérive une idée d'autant plus ingénieuse à mon sens que son spécimen n'avait pas de talon d'emmanchement. La forme de croissant que le prétendu yen-kouei a à l'extrémité lui rappelait celle de

l'arme ts'iang telle que celle-ci est figurée sur les bronzes anciens. M. Laufer (p. 97) a rejeté cette analogie et a parlé du ts'iang comme d'une lance; mais il s'agit en réalité d'une lame en croissant montée

latéralement sur une hampe ; c'est un peu une hallebarde, mais sans la pointe de lance de la hallebarde et avec une lame latérale en croissant non pas convexe, mais concave; je considérerais plutôt le ts'iang comme une sorte de hache d'armes à tranchant concave. Wou Ta-tch'eng a vu juste. Plus encore ici que pour le ko, il me paraît bien que l'arme ancienne dont les prétendus yen-kouei sont l'aboutissement n'était pas montée dans le prolongement de la hampe, mais perpendiculairement à elle.

I . Cf. Laufer, Jade, roi-rot ; Gieseler, Le Jade, 37-38 ; Mme Pope-Hennessy, Early Chinese jades, 46-47.

2. Le bas de cette pièce de Wou Ta-tch'eng est d'ailleurs d'une irrégularité si surprenante que je me demande s'il n'est pas incomplet.