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0043 Jades Archaïques de Chine : vol.1
中国の古玉 : vol.1
Jades Archaïques de Chine : vol.1 / 43 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000245
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Dans sa préface aux Documents de M. Sirén, M. R. Koechlin disait que les anciens jades de la collection Sirén « ne sauraient être datés plus haut que de la fin des Tchéou, vers le Ive ou le Ille siècle D. Je crois que cette opinion a de grandes chances d'être juste. C'est ainsi que la belle boucle de ceinture en jade que vante M. Koechlin (no 291), et qui est un des objets qu'on avait dit à M. Sirén provenir de la tombe de Sin-tcheng, me parait être la traduction en jade du style magnifiquement représenté en orfèvrerie par un pommeau de dague en or de la collection Eumorfopoulos; le motif se retrouve sur une pendeloque de Wou Ta-tch'eng (Laufer, Jade, 238), qui l'appelle un « décor d'algue » (tsao-wen); or l'opinion courante place vers le IIIe siècle avant notre ère le pommeau Eumorfopoulos'.

Malgré des différences sensibles dans l'aspect du jade, dans le mode de travail et dans le style, c'est aussi à la fin des Tcheou et sous les Han que j'incline à placer la plupart de nos petits animaux, cerfs, poissons, lièvres, oiseaux, dragons, etc. Le moment n'est pas venu où nous serons en état de classer toutes ces séries et de dire la destination de chaque objet. Aussi me bornerai-je ici à formuler quelques remarques très sommaires sur quelques-uns d'entre eux.

Nos jades sont des jades de tombes, en ce sens qu'ils ont été presque sûrement trouvés dans des tombeaux, mais ce serait se faire d'eux une idée inexacte que de leur prêter un sens funéraire ; la plupart d'entre eux sont des ornements de vêtements, de coiffures, des pendeloques de ceinture surtout, ou encore des amulettes, des insignes; ils ont été faits pour le vivant. Il me semble à ce point de vue qu'on a singulièrement abusé, sur la foi des marchands chinois de Si-ngan-fou, de Ho-nan-fou et de Pékin, du rôle que le jade aurait joué autrefois dans la toilette funèbre : en dehors des jades à placer dans la bouche et de ceux qui ont pu couvrir les yeux, on en a inventé qui bouchaient les narines ou les oreilles, qu'on appliquait aux lèvres, qu'on plaquait sur les dents, qui se glissaient sous les aisselles, qui couvraient le nombril, qu'on insérait dans l'urèthre ou dans le rectum. Il est exact que les textes parlent parfois du bouchage des « neuf orifices », mais beaucoup des jades archaïques auxquels on attribue un rôle dans cette opération s'avèrent éminemment impropres à le jouer. Prenez par exemple les « tooth-amulets » de Laufer, Jade, pl. XXXVII, véritables crocs ayant près de cinq centimètres de long, percés d'un trou d'attache à la partie supérieure, et essayez de les placer pour « protéger » les dents d'une mâchoire humaine ! Ou encore examinez ces « lip-amulets » de la pl. XXXVIII, qui reparaissent sur la pl. XXXV de Mme Pope-Hennessy, demi-cercles larges et plats en forme de poisson ou représentant des poissons ; il est naturellement impossible de les mettre à plat sur des lèvres, et M. Laufer est ainsi amené à admettre qu'on les « plaçait sur la lèvre supérieure pour couvrir et préserver la moustache » ; mais dans cette disposition très incommode, les « lip-amulets » ne ferment plus aucune ouverture ; en réalité, il n'y a pas lieu de séparer ces poissons en demi-cercle de tant d'autres, percés d'un seul ou de deux trous, comme par exemple ceux de nos pl. XIX et XX, qui n'ont certainement jamais pu se placer sur les lèvres d'un mort. Les « umbilical-amulets » ne me paraissent guère mieux assurées ; rien ne ressemble plus aux « umbilical-amulets » de M. Laufer, pl. XXXVII, que les

I. Cf. A.J. Koop, Early Chinese bronzes, p. 57 et pl. 43.