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0114 Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.4
Mélanges d'Histoire et de Géographie Orientales : vol.4 / Page 114 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000289
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108   MÉLANGES ORIENTAUX

Il ne se passa rien d'important entre le 23 et le 31 mars.

Le 31, Tinn Quâ vint me trouver (toujours accompagné de l'interprète Kou, son parent), et dans le cours de la longue conversation (cette conversation a duré plus de 3 heures) que nous eûmes sur les affaires de Chine, je m'aperçus d'un changement notable dans le langage et les manières de mes interlocuteurs à mon égard. Ils me parurent convaincus enfin de la sincérité des opinions que j'avais émises, des conseils que j'avais donnés. Tout indiquait en eux confiance dans les intentions de la France, espoir dans son intervention, désir de lui être agréable, conviction des avantages réels qui pourraient être pour la Chine le résultat d'une conduite franche et amicale envers la France. Aussi, avant la fin de notre entrevue, Tinn Quâ s'était-il ouvert avec moi, non seulement sur ce qu'il pensait en réalité de la crise actuelle et de son issue probable, mais encore sur les véritables sentiments des hauts dignitaires à cet égard ! — Voici, en peu de mots, le résumé de ce qu'il me dit :

« Les Chinois n'aiment pas les Anglais et seraient prêts à faire les plus grands sacrifices pour obtenir le concours de la France dans leur lutte contre ce peuple oppresseur. Néanmoins, tout ce qu'il y a d'intelligent en Chine comprend : d'un côté, l'impossibilité où se trouve le Céleste Empire de soutenir la guerre avec quelques chances de succès ; de l'autre, l'impossibilité, pour la France, d'intervenir autrement que comme médiatrice dans les circonstances actuelles. Il serait donc sage de traiter avec les Anglais, même aux conditions que j'ai indiquées, et les grands Mandarins désireraient que l'Empereur mieux éclairé sur la situation de l'Empire et sur ses propres intérêts, pût se résoudre à accepter franchement les sacrifices que les événements lui imposent ! Malheureusement l'Empereur est un vieillard faible, ignorant, entêté, mal entouré et qui ne peut même trouver dans l'affection de ses sujets l'appui indispensable à l'adoption d'une résolution désespérée ! — La Chine est donc dans une position doublement critique et par l'insuffisance de ses ressources et par le défaut d'habileté et d'énergie de son souverain, comme aussi par son manque de popularité I — Dieu permettra peut-être que la France vienne à son secours ! »

Telles ont été, Monsieur le Ministre, les révélations de Tinn