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0027 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 27 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000225
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XI

voyage, offert une boisson pareille, mais elle était renfermée dans un vieille tinette à goudron.

Le 27 Août nous pliâmes nos tentes près du KokchinOrkhon pour nous remettre en marche, et nous nous dirigeâmes en droite ligne, en franchissant les deux bras de l'Orkhon, vers les ruines de Khararbalgasun, que nous atteignîmes après 5 heures de marche. Le terrain compris entre les deux cours d'eau se compose en grande partie de marais, mais on y rencontre aussi de la steppe entrecoupée de collines. (Ce sont celles que l'on voit se dessiner faiblement A l'horizon sur tab. 1 à gauche). Nous eûmes bientôt trouvé un gué pour traverser l'Orkhon, ensorte que nous pûmes, sans autres difficultés, nous rendre directement (les deux premiers monuments aux susdites ruines, au milieu (lesquelles s'élevait le 3' monument.

La partie principale (le Khara-balgasun, c. A. d. des ruines noires, se compose de hauts remparts, formant une forteresse quadrangulaire, qu'entourait de plus un fossé. Tab. 44, où se trouve représentée à peu près la moitié d'un (les côtés (lu carré, montre quel est l'aspect de cette construction. A l'extérieur (lu fossé étaient rangées en ligne de petites tours en terre glaise. En-dedans des hauts remparts (le ce fort s'élève un monticule de terre, qui les surpasse en hauteur, et qui a probablement servi de poste (l'observation, à l'instar de ceux que l'on trouve dans les forteresses du Turkestan *. La cour intérieure de ce carré est encombrée (le débris entassés et de niveau inégal. En me promenant parmi ces ruines, mon pied rencontra par hasard une pierre carrée dont le côté avait 75 cm., et dont le milieu était creusé, ce qui dénote que cette pierre servait de piédestal à quelque statue. C'est ici qu'un voyageur (c'était, m'a-t-on dit, S. E. Schichmaroff, qui avait visité ces lieux l'année précédente en automne) avait fait creuser une fosse de plus de 2 mètres de profondeur; on y voyait des fragments de tuiles, des morceaux (le charbon, et autres débris, par où nous pouvons reconnaître que nous avons là aussi devant les yeux les restes de quelque bâtiment écroulé et peut-être aussi en partie détruit par le feu. Mais hors de ces remparts il y a, près du quadrilatère fortifié, des élévations de terrain plus ou moins considérables, provenant de constructions qui couvraient un espace de plusieurs kilomètres carrés.

C'est parmi ces ruines, à une petite distance des remparts dejà plusieurs fois mentionnés, que sont les débris du 3e monument, qui a dû être le plus imposant de tous, mais dont les restes sont éparpillés maintenant par dizaines sur le sol. Suivant la tradition qui nous fut racontée par des Mongols sur les lieux mêmes, c'est la foudre qui a causé ces ravages; peut-être le feu a-t-il aussi contribué à détruire les caractères sur quelques-uns de ces divers fragments. Trois pierres de moindre dimension, qui portaient des inscriptions, et que nous avions trouvées de l'autre côté du fort,

* P. ex. A Dingil-Tepe. Conf. Ratzel's Völkerkunde III, 364.

furent rapportées auprès des autres, et un mongol qui me prêta main-forte pour soulever et retourner ces pierres, nous donna des éclaircissements là-dessus. .Le 3e -monument est d'autant plus remarquable que les inscriptions y étaient tif cées en 3 espèces de lettres: iéniseïennes, ouigouriennes et chinoises. Les deux pièces que Jadrintzeff fit transporter à St. Pétersbourg, ont appartenu à ce monument-ci *. Plusieurs des plus gros blocs étaient tellement enfoncés dans le sol, qu'on en pouvait à peine voir de très petites parties. Sur l'une d'entre elles je découvris une ou deux lettres iénisseiennes; le reste de la surface unie s'était détaché, comme une pièce de lambrissage vernissé. Je fis creuser le sol autour de la pierre, et retourner, à l'aide du cric, la partie cachée à nos regards, pour la mettre au jour; j'aperçus alors les inscriptions chinoises et ouigouriennes qui y étaient gravées (tab. 58). Je fis la même chose pour deux autres blocs (tab. 53 et 54). D'autres fragments du monument étaient parcontre demeurés tout entiers au-dessus de la surface du sol. C'était le cas entre autres du bloc, qui comme faisant partie de la partie la plus haute du monnaient, porte une semblable tablette, terminée en pointe vers le haut (tab. 46), comme nous en avions observé sur les autres monuments. A l'exposition de Moscou, dont nous avons parlé au commencement de ce récit, il y avait parmi les collections exposées par Jadrintzeff, un dessin de cette pierre fait à la main, avec la tablette y appartenant. La couleur rouge qui recouvrait ce dessin, ainsi que l'enjolivure et la forme singulière des caractères, parurent fort étranges. C'est pourtant ainsi qu'elles sont réellement (voir p. 24 dans le text typographique). La figure enjolivée des lettres et leur forme inusitée montrent, que l'on a voulu donner à ces inscriptions un cachet artistique, par lequel ce monument éclipserait à cet égard encore les autres monuments, certainement plus anciens. Ceux-là sont d'un marbre de mauvaise qualité, tandisque celui-ci est de granit rouge, couleur plus propre à produire une forte impression. Les fragments épars révèlent également, par certaines parties ornementées, la richesse du monument (tab. 47-49) **.

De prime abord, en voyant ces blocs de pierre, l'explorateur est tout naturellement induit à se poser la question: quelle a été la figure primitive de ce monument? Les observations et les mensurations, que nous fîmes sur les différentes pierres de plus grosse dimension, dirent pour résultat de nous convaincre, que ce monument-ci était composé de 4 parties (les précédents en avaient chacun deux). Les lions couchés

* Les inscriptions qui s'y trouvent ont été expliquées et publiées par M:r Roch et l'Académicien M:r W. Radloff dans les 3annesn BocToqnaro «Aaenia H. Pyccsaro Apxeozornvecsaro 06u(ecmma. C.11:6ypra 1891. T. V. sas. II et IV. c. 147-156, 265—'270. Ces inscriptions sont, je crois, également publiées en français dans un ouvrage que je n'ai pas sous la main. Ces inscriptions ont servi A constater que le ruines de Kbara-balggasun sont des restes de l'ancienne capitale des Onigoures. Tab. 48 et 49 représentent la même pièce, la figure tab. 49 se voit aussi sur tab. 48 A droite.