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0032 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 32 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000225
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- XVI ---

cherches approfondies, comme étant sous la domination de la Russie, et il est connu, que les Mongols ne voient pas d'un bon oeil les fouilles entreprises dis les tombeaux sur le territoire chinois. Pourtant tout ce que nous avons relaté jusqu' ici montre, combien on a encore peu fait sous ce rapport, et combien l'étude de l'archéologie aurait encore à gagner par des explorations dans ces contrées.

Dans le trajet de notre retour à Irkoutsk nous visitâmes une seconde fois le couvent bouddhique déjà mentionné du lac Goussinoïé, et je pus alors examiner, avec plus d'attention qu'auparavant, tout ce que le lieu contenait de remarquable. Toutefois je n'ai pas l'intention de sonder les mystères du culte bouddhique; je me bornerai à noter en passant une particularité.

Parmi les costumes des divinités, dont se revêtent les lamas pour exécuter leurs pantomimes, ce qui a lieu de temps à autre, ainsi que nous l'apprîmes à notre passage dans la ville d'Ourga, comme nous l'avons raconté plus haut, il y a des miroirs en métal, qu'ils portent sur la poitrine; ceux-ci sont faits simplement de lames de tôle, de forme ronde et s'attachent par le milieu de la plaque. Ils rappellent donc sous ce rapport les miroirs chinois, mais je trouve qu'ils peuvent encore mieux être comparés aux miroirs de cuivre et de bronze sans ornement aucun, dont on a découvert une si grande quantité dans la Sibérie occidentale, sur les bords de l'Ob et de l'Iénisséi, qui sont parsemés de kourganes. Dans mon voyage en Mongolie j'ai aussi eu l'occasion de voir un schamane mongol portant sur la poitrine deux miroirs en cuivre de ce même type sibérien. Nous pensons donc que ces miroirs sont encore, et ont toujours été, des attributs, soit des dieux, soit des schamanes, lesquels, dans leurs incantations, sont censés se mettre en rapport avec la divinité.

La chaudière des sacrifices, placée devant certains temples bouddhiques, fait penser aussi aux chaudières dites »scythiques», que l'on voit même taillées dans quelques parois de rocher en Sibérie *.

Ce qui est encore plus curieux, c'est que les Mongols font usage de petites pincettes en fer, (l'une forme qui les fait ressembler frappemment à °elles qu'on remarque particulièrement au musée de Copenhague parmi les antiquités de l'âge (le bronze trouvées dans les tombeaux **.

Le passage mentionné, tiré de l'histoire de la Chine, se lit aussi dans Iaxnne, Hcropia etc. Il, 97-98.

An 6e siècle il existait aussi un temple bâti pour le premier ancêtre des Botsiens, Kioutaïou, qui était d'origine gaolique. Il y avait dans le pays des gaoguiliens un édifice imposant destiné aux sacrifices. Voir l'ouvrage cité en dernier lieu, II vol. p. 38, 110. On y parle de tombeaux toungouses faits de pierre et de terre, et trouvés dans la Mongolie orientale. II, 22, 89 et 47.

* Voir dans „les Inscriptions de l'Iénisséï". Helsingfors 1889 fig. 4.

** Cette sorte de pincettes est aussi employée chez les Tartares dn Wolga et ailleurs encore pour épiler les poils de la barbe. Les

Le même musée possède aussi un curieux chariot, garni (le bronze, et provenant d'un âge antérieur à l'époque romaine*.

On conserve dans un hangar de la cour du couvent, près du lac Goussinoïé, un chariot pareil, que l'on promène chaque année au printemps autour (le toute la xdatsane». Un petit siège sans dossier appartient à chacun (le ces véhicules, et

sur le siège de celui du couvent on place une image   Mal-
der, dans les processions qui ont lieu au couvent. Il est hors de doute, que sur le chariot du musée de Copenhague trônait également '"autrefois une idole; car ces deux chars se ressemblent trop, pour ne pas être de même origine et avoir eu la même destination.

Quant à l'espèce de »maisons à roues», pour lesquelles les Ouigours surtout étaient renommés jadis, mais qui étaient également en usage chez les Toukioux et autres peuples de la Haute-Asie, dès les temps de la migration des peuplefn'en ai vu aucune; Castrén parcontre dit en avoir auss(t`•vu de semblables chez les Bouriates **.

Ce que nous venons de rapporter témoigne suffisamment de l'intérêt que l'archéologie et l'ethnographie centro-asiatiques peuvent offrir aux savants de l'Europe, et spécialement à ceux (l'entre eux, qui ont recueilli de rares matériaux, propres à jeter quelque lumière sur les prentirs temps des peuplades finnoises, et en général de toutes celles qui appartiennent à la race altaïque. Cependant ce sont incontestablement les inscriptions de diverse nature mises au jour, qui nous éclairent à présent le mieux sur l'histoire ancienne de l'Asie centrale. C'est aussi la raison pour laquelle, en Finlande, les savants ont pris à tâche de rassembler et de coordonner les plus énigmatiques de ces inscriptions, celles qui sont appelées iénisseiennes; elles ne tarderont pas bien longtemps à être interprétées, et ne peuvent manquer d'amener (le nouvelles découvertes dans les régions, où nous croyons pouvoir placer le berceau du peuple finnois.

Le 7 Octobre nous étions, ma femme et moi, rendus à Irkoutsk, où je restai trois semaines occupé à étudier le musée Nous en repartîmes le 26 Octobre et le 11 Novembre nous arrivâmes à Tomsk. C'est dans cette ville que nous passâmes l'hiver, avec l'intention de poursuivre nos explorations sibériomongoles au printemps de l'année suivante. Mais ce projet ne se réalisa pas, et au lieu de cela, nous rentrâmes dans notre patrie le jour de la Saint-Jean en 1891, après une absence d'à peu près 13 mois.

anciens Huns se servaient bien certainement de pincettes semblables, pour se défaire de leur barbe; on sait du reste qu'ils avaient aussi coutume de se taillader le visage.

* V. Det konglige museum for oldsager i Kjabe» havn. 1866, s. 47, n:o 155.

** M. A. Castrén, Resor och forskningar II, 401.