National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0042 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 42 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000225
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

— •xxry —

Kharakorum. Les récentes recherches qui ont été entreprises au sujet des monuments de l'Orkhon, peuvent seules répandre une clarté nouvelle et permanente sur ce point resté si longtemps obscur.

L'historien persan Alal-ud-din, qui a écrit l'ouvrage intitulé Tarikh Djihankuchaï ou Histoire du conquérant du monde, raconte que le susnommé Ogotaï est le fondateur de la ville, qui reçut le nom de Kharakorum,, d'après celui d'une montagne auprès de laquelle elle était située. Puis il ajoute, que l'on trouva sur les bords de l'Orkhon les ruines d'une ville et d'un palais qui avaient appartenu aux Ouïgours, et il continue ainsi:

»Devant l'entrée de ce palais gisent des pierres couvertes de caractères gravés que nous avons vus. Sous le règne du Caan (Khan) Ogotal on leva ces pierres, et l'on découvrit une fosse, dans laquelle il y avait une grande table de pierre, chargée d'une inscription».

Il rend ensuite compte du contenu de l'inscription, sans toutefois indiquer dans quelle langue celle-ci était conçue. Elle se rapportait, dit-il, à ce même Boucou-Khan, qui posa les fondements de la puissance ouïgourienne, et il veut sans doute par là désigner le khan Peïlo, dont nous avons parlé dans les pages précédentes *.

Ces données ont été comprises par D'Ohsson de telle sorte, que la ville de Kharakorum aurait été bAtie par Ogotaï sur les ruines de l'ancienne capitale des Ouïgours, c. A. d. le Khara-balgasun actuel **. Mais c'est là une assertion que ne justifie nullement le récit de Alal-ud-din. Celui-ci a voulu dire que l'une et l'autre de ces villes étaient situées sur les rives de l'Orkhon.

Celui qui a fait de la question relative à la situation de cette ville l'objet des plus savantes études, est Abel-Rémusat. Il en résulte, selon lui, que Kharakorum était situé au Nord (c. à. d. à l'Ouest) de l'Orkhon, sûrement à l'endroit, où l'on découvrit plus tard les ruines de Khara-balgasun déjà mentionnées ***.

* D'Ohsson, Histoire etc. T. Icr p. 429-431.

** D'Ohsson, Histoire etc. T. lIe p. 64.

*** „Recherches sur de la ville Karakoroum, par Abel-Rémnsat" le T. VII, p. 253 des Mémoires de l'Institut Royal de France. Académie des Inscriptions et belles-lettres.

Par rapport à cette opinion il faut toutefois se rappeler, que l'ancien nom dOOrkhon désignait peut-être le Kokchin-Orkhon actuel, puisque cette dénomination équivaut à celle de „l'ancien Orkhonu, ainsi que nous l'avons déjà fait observer. Cela étant, la contrée an milieu de laquelle plus tard le couvent d'Erdentz5 fut bâti, se trouvait être également à l'Ouest de l'Orkhon.

Klaproth dit de même, que Kharakorum était situé sur la rive occidentale de l'Orkhon, là où cette rivière reçoit le ruisseau nommé Goroho *. Sur les cartes jointes à ses Tableaux historiques de l'Asie, la ville (le Khorin ou Holin, autrement dite Kharakorum, est placée à l'Ouest de l'Orkhon, exactement au même endroit où était établi anciennement le campement • des Ouïgours **. Conf. les cartes 14e et 15° avec les cartes 22 à 25.

Lorsque la brillante époque de la domination des Tchinguiz-khanides eut pris fin, la ville de Kharakorum tomba dans l'oubli, et vers l'année 1590 fut fondé, au centre de cette région historiquement célèbre de l'Orkhon, le plus ancien des couvents bouddhiques de la Mongolie, celui d'Erdentzé. Il s'éléva, dit une chronique mongole, sur les ruines de la ville fondée par Ogotaï% le fils de Tchinguiz-Khan, ce qui veut donc dire: sur l'ancien Kharakorum ***.

Selon qu'il est indiqué dans un ouvrage du 13e siècle, publié par le professeur Devéria, la distance entre l'ancienne capitale des Ouïgours et le Holin ou Kharakorum des Mongols serait de 70 li, ce qui équivaut à 35-40 kilomètres environ, et tel est à peu près l'espace qui sépare Erdentzb de Kharabalgasun t.

Nous croyons donc être autorisé, en nous appuyant sur les données qui précèdent, à admettre comme une chose à peu près certaine, que l'ancienne et fameuse ville de Kharakorum était située là où s'élève maintenant le couvent d'Erdentz6, et ne saurait en aucune façon être considérée comme identique avec les ruines actuelles de Khara-balgasun, au milieu desquelles se dressait le monument, érigé selon toute probabilité dans le but d'éterniser le souvenir des temps glorieux de la domination ouïgourienne.

* V. J. Klaproth, Abhelung liber (lie Sprache und Schrift der Uignren. Paris 1822 p. 40 note 2 et p. 45.

  • »c Conf. aussi Iaseno, Rempli( etc. oil la résidence des Onïghours est identifiée avec Kharakorin (Kharakorum).

  • **•» V. Monroaacraa aHTOnnCb ~pA3ninnF 3pnx3° A. Ho3Antesa. C. 116pri,. 1883. p. 110. note 2.

t T'oung pao, Archives, déjà citées. La présente indication se retrouve dans l'article, aussi déjà mentionné, du Tartare Ye-lu-tchou et que nous reproduisons ici intégralement:

„A 70 li, dit-il, au Nord-Ouest de la ville (de Holin) se trouvent les vestiges de la ville et du palais des Pêk Khans (der Ouïgours).

„A 70 li, au Nord-Est de la ville (de Holin) se trouve une atèle, portant une inscription de l'empereur (de Chine) Thang-Ming-hoang (Hivan-tsong), que ce souverain fit ériger en 731 la mémoire de Kinéh T'eghin".

Axel Heikel.