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0054 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 54 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000225
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- XXXVI -

mêmes en trois familles : la tribu de Moula, qui occupait les monts In-chan; 2° les Tche-khi ou Po-pou; 3° les Ta-che-li; ils vivaient dans les contrés montagneuses au N.-0. de Pei-ting (Oroumtsi). En 650, leur territoire fut réduit en provinces par les Chinois; leurs chefs eurent le titre de Tou-tou ou gouverneurs; ils se trouvaient enserrés à l'ouest et à l'est par les Turks, ce qui les fit s'avancer davantage vers le Midi. En 742, ils étaient les alliés des Ouïgours contre le prince turk Ou-sou-mi-ch, puis en 745 contre les Pa-si-mi ; après avoir reconnu la souveraineté du Khakan des Ouïgours, ils vinrent en partie s'établir dans les monts Outkin. De l'an 742 à 757, les Karlouks allèrent cinq fois rendre hommage à la cour de Chine; leur puissance s'étant accrue, ils firent échec aux Ouïgours, quittèrent leur pays et émigrèrent vers l'ouest dans la région du lac Issikoul et de Taras; c'est vers cette époque qu'ils durent faire leur jonction avec les Tibétains, qui dès la fin du vu° siècle avaient déjà poussé jusqu'aux territoires de Khotan, Kashgar et les bords de la rivière Tchou.

[16] En 763 les Tibétains, alliés aux gens du Kokonor et du Tangout, s'étaient emparés de nombreuses places fortes chinoises. En 764, le Turk Pou-kou Hoei-ngen, après avoir servi la cour de Chine, s'était révolté, réunissait sous son commandement les forces tibétaines et se faisait assister d'une armée oaïgoure que le Khakan lui avait fournie en dépit des traités de paix conclus avec la Chine. Après la mort de Pou-kou Hoei-ngen (765), les Tibétains et les Ouïgours assiégeaient la ville de King-yang (préfecture de Si-ngan-fou); le célèbre général chinois Kouo-tze-ï, tirant parti des rivalités de préséance qui avaient éclaté entre les chefs ennemis, réussit à séparer les Ouïgours des Tibétains et à infliger à ces derniers une sanglante défaite qui leur coûta 50 000 hommes, 10 000 prisonniers et une énorme quantité de chevaux et de •beeufs. L'ambassadeur chinois qui fut envoyé en 768 à la cour du Khakan des Ouïgours pour lui porter des condoléances à l'occasion de la mort de sa femme, fut en même temps chargé de lui reprocher ses infractions aux traités de paix. Le Khakan de son côté se plaignit de ce que la cour du Céleste-Empire lui avait manqué de parole en ne payant pas des chevaux qu'il avait vendus à l'armée chinoise. Après les explications qui furent échangées à cette occasion, l'empereur de la Chine, pour sceller de nouveau la paix, accorda *au Khakan la main de la princesse turke Tch'ong-hoei qui avait été élevée à la cour de Chine et qui, comme la Khatoun défunte, était fille de Pou-Kou Hoei-ngen. Plusieurs fois depuis lors jusqu'en 795 les Ouïgours assistèrent les Chinois contre les Tibétains.

En 784, la capitale occidentale de la Chine , Si-ngan-fou, tombe au pouvoir de rebelles secondés par des Ouigours ; ceux-ci sont défaits par le général chinois Li-tcheng.

En 787, l'empereur de la Chine, désirant s'assurer l'appui du Khakan des Ouïgours contre les Tibétains, lui accorde la main d'une princesse chinoise.

En 789 et 790, les Tibétains et les Ouïgours se disputent le territoire de Ouroumtsi ; les Tibétains vainqueurs transportent sur le territoire chinois de. Kan-tcheou les populations turkes Cha-t'o qui occupaient le territoire de Ouroumtsi depuis le com-

mencement du vii siècle.   .

En 791, les Ouïgours battent les Tibétains à Ning hia du Chen-si et envoient leurs prisonniers• à la cour .de Chine.

En• 806, des ambassadeurs ouïgours amenèrent des Mani

(manichens) à la cour de Chine; l'empereur leur donna un terrain pour construire un temple de leur religion.

En 808, les Tibétains battent les Turks Chat'o et les poursuivent jusqu'aux monts Outkin, près de l'Orkhoun.

En 821, le Fils du Ciel accorde la main d'une princesse chinoise au Khakan des Ouïgours ; celui-ci envoie au devant d'elle les ambassadeurs I-nan, Tchou-kiu-lou, Sse-Kié et 2 000 hommes pour la protéger contre les Tibétains ; ceux-ci jaloux de cette alliance poussent leurs courses jusqu'au territoire qu'occupe aujourd'hui Erdeni-tchao (Erdenidzou). Conf. Mémoires concernant les Chinois, tome XVI ; Histoire des Thang, pp. 98,103, 108,115, 131, 153.

[17] Si l'on traduisait ce nom il signifierait la rivière de la vraie perle. Je crois plutôt que Tchen-tchou est la transcription chinoise d'un nom turk, car je trouve les mêmes signes Tchen-(chou dans la transcription du titre royal de I-nan, deuxième Khakan de la tribu des Siè Yen-t'o, Tchen-tchou Pëk Khakan (627-646). •Les Siè Yen=to possédaient Hami, Igou, Harashar et tout ce qui est dans le voisinage de l'Irtish ; ils se confondirent au vin°siècle avec les Ouïgours. Vide inf. notes 19 et 29.

.k

[18) De même que Tchen-tchou, ce nom de Yao-ho-king doit résulter de la transcription d'un nom non chinois; il m'a été impossible de l'identifier.

  1. Les Togouz Ouïgours ; voici les noms que les Chinois donnentà ces neuf familles ou Aimaks : Yo-lo-ko, Hou-tou-ko, Kiulo-won, Me-ko-si-ki, A-wou-ti, Ko-sa, Hou-wou-so, Yo-wou-ko, Hi-siè-wou. Outre ces neuf tribus ou hordes, la nation des Ouïgours comprenait encore la horde des Pa-si-mi Ocelle des KarIouksqu'ils avaient subjuguées.

Yo-le-ko était le nom de la tribu à laquelle appartenait le fondateur du Khanat ouïgour de l'Orkhoun ; il pourrait être synonyme de Wou-lo-hou, nom d'une peuplade dont les envoyés, en 443, révélèrent à la cour de Chine l'existence des grands tombeaux dont parle M. Hirth dans son Alte Kaiser-Gräber in Centralasien (Zeitschrift für . Ethnographie, 1890, Verhandlungen, etc., p. 53).

Le territoire soumis aux Ouïgours était occupé par quinze peuplades : les Ouïgours, les Siè Yen-T'o, les Ki-pi-yu, les Toupo, les Kou-li-kan, les To•lan-ko, les Pou-kou, les Pa-ye-kou, les T'ong-lo, les Houn, les Sse-kiè, les Hou-siè, les Hi-kié, les A-tiè, les Pe-si.

  1. En 742, les Basimiens (Pa-si-mi) s'étaient alliés aux Ouïgours et aux Karlouks pour attaquer 0û-sou-mi-ch, prince des Turks Tou-Kiuè. En744les Basimienstuèrentce prince et offrirent sa tête à l'empereur de la Chine envers qui il s'était montré rebelle. Ou-sou-mi-ch eut pour successeur Pe-mei Khakan, mais, de grands troubles ayant éclaté dans le pays des Turks Tou-kiuè, les habitants choisirent pour leur Khakan Assena-che, le chef des Pa-simi. Celui-ci fut attaqué et défait par les Ouïgours assistés des Karlouks, près de Pei-ting (Ouroumtsi); tout son territoire et ses sujets passèrent aux Ouïgours qui, après avoir tué, en 745, Pemci Khakan, substituèrent leur domination icelle dés Turks Toukiuè. — Conf. Stan. Julien, Documents historiques sur les Toukiué, page 203.