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0052 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 52 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000225
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— xxxIV

Notes

(1] L'expression ici employée est celle de Kien-lou ; I qui, signifiant établir une capitale, se trouve également sur le fragment n° 2 rapporté par N. Yadrintzev. Il est à remarquer que le hiéroglyphe Kien # est souvent écrit, au vite siècle, avec la classifique n° 162. On le voit écrit cinq fois de cette manière sur la fameuse inscription syro-chinoise de Si-ngan fou (17° ligne, 19° caractère ; 2° ligne, 25° caractère; 27° ligne, 32° caractère : 29°ligne, dernier caractère ; 30° ligne, 7° avant-dernier caractère).

La 3° ligne du fragment n°2 rapporté par N. Yadrintzev parle également de l'établissement de la capitale des Ouïgours, malheureusement, comme dans celui-ci, l'inscription se trouve tronquée là précisément où devait être indiquée la situation géographique de cette capitale. La fondation du Khanat ouïgour et l'établissement du siège principal de ses Khakans sur les bords de l'Orkhoun remonte à l'année 745, mais ce ne serait que plus tard que les Khakans auraient substitué des palais aux tentes de leur camp royal. Ce n'est en effet qu'en 780 que l'histoire des Tang parle, comme d'une chose nouvelle chez les Ouïgours, de la construction d'un palais à l'usage de leur prince Tengri Khakan, et elle ajoute qu'en 784, Toun Mo-ho Tar-kan, qui régna sous le titre de Ho Kou-tou-lou Pi-kie Kho-han, avait fait graver sur une stèle de pierre devant la porte de sa capitale une inscription destinée a rappeler aux Envoyés de la Chine tous les services rendus (à ce pays) par lui et par ses prédécesseurs; cette inscription devait évidemment avoir été rédigée en chinois. Nous savons aujourd'hui que cette capitale des Khakans ouïgours, qui paraît avoir été incendiée par les Qirghiz en 841, était située à dix lieues à l'ouest de la tombe du prince turk Gueuk Téghin, récemment découverte par M. Heikel , et à sept lieues au nord-ouest du point où était au xiii0 siècle la capitale des Mongols, que nous désignons sous le nom de Karakoroum et qui semble être celle que Sanang SSetsen appelle Aroul oui 7'saghan Balgasoun, sur le versant septentrional de l'Altaï.

Selon Gaubil et De Guignes, l'emplacement de Karakoroum est celui qu'occupe aujourd'hui le temple de Erdeni-tchao; ces deux savants ne disent pas sur quoi se base cette assertion très catégorique que parait devoir justifier le résultat de l'exploration que vient de faire M. Radlov ; il faut noter ici qu'aucun des suites chargés de dresser la carte de la Tartarie ne s'est avancé jusqu'à Erdeni-tchao et que ce n'est que par approximation que les tables de Gaubil ont pu fournir pour ce temple célèbre l'indication 46°57' lat. N. et 13°5'25" long. de Peking. Ricci plaçait Karakoroum à 45° lat. N. et à 17° long. de Péking.

C'est en 1289 que la ville de Karakoroum fut ruinée par les princes qui s'étaient ligués et révoltés contre Koubilaï Khan. Il la fit partiellement restaurer l'année suivante. Conf. Visdelou, Biblioth. Orient. p. 135°, et 7"ong-pao, 1891, G. Devéria; La stèle funéraire de Kiuèh Teghin.

Au surplus, voici ce que nous dit la Grande géographie impe

riale chinoise sur l'emplacement de la capitale des Ouïgours :

A l'est de leur camp royal il y a des plaines ; à l'ouest sont les monts Outkin (pointus?) ; au midi coule l'Orkhoun. Ce camp royal est à 500 li au sud-ouest du confluent de l'Orkhoun et de la Toula » (liv. 411, p. 18).

Je crois utile de rappeler ici que le monastère de Erdeni-tchao dont il vient d'être parlé a été construit ou reconstruit en 1585. Les Annales nous disent qu'en 1735 les Chinois firent construire contre le monastère une enceinte ayant 111 mètres de tour; le mur est épais de 13 pieds chinois, haut de 14 pieds, percé de trois portes. L'enceinte est flanquée de trois tours principales ; le côté sud-ouest en est dépourvu. ll y a en plus quatre tours d'angle. On a détourné de l'eau de l'Orkhoun pour constituer une'réserve d'eau au centre de l'enceinte.

st

(2] C'est à la date de 385-402 que le titre de Khakan est men-

tionné pour la première fois dans les annales chinoises ; à cette époque, le chef des Geou-gen (Joujanes), qui dominèrent jusqu'en 555 sur l'Orkhoun, prit ce titre de Khakan, en échange de celui de Tanjou ou Tan-yu qu'avaient porté les Huns Hiony-nou, leurs prédécesseurs dans la région de l'Altaï.

[3j Le caractère qui fournit ici le son Tai est très abîmé, peut-être faudrait-il lui substituer le caractère st i; on aurait ainsi le mot Kiè-i-leh-mi-ch au lieu de Kiè-toi-tch-nii-ch.

Pi-Kiè parait être la transcription chinoise de Biïk (Biük, Ilijük) qui, d'après le Sprachatlas de Klaproth, p. xxx, signifie Haut. M. Radlov en fait le mot Pék avec la signification de sage.

Les Chinois ont transcrit de plusieurs manières cette épithète de Pék-Khakan ou Bilk-Khakan : 1° Pou-Kho han 3; q 51 ou

er q ; 2° Po-Ko han * .aj- Ç ; Pi-Kiè Kho-han   02   ;fi ;

3° Pi-Ko Kho-han   Gy ifi ; 4° Pou-Kia Kho-han   iQ: ►j ii-
Les Chinois, n'ayant pas la consonne B, la remplacent par un P dans leur transcription des mots étrangers.

A leur titre chinois de Kong-tchou les princesses chinoises destinées à un Khakan ouïgour ajoutaient l'épithète de Pi-kiè Konâ tchou, et, après leur mariage, ce titre était remplacé par celui de Pi-kiè Khatoun, qui semble répondre au Beg Kadin du Turk moderne occidental.

Le titre de Pi-kiè Kho-han était employé chez les Turks TouKiuè avant de l'être chez les Ouïgours. C'est ainsi que, dans les annales chinoises, nous voyons le Khakan turk Me-tchoue porter ce titre en 694-716; Me-ki-lien (716-733) est également décoré du titre de Pi-kiè Kho-han et son fils Tengri Kho-han portait celui de Pi-/:ié Kou-tou-lou Kho-han (Pëk Koutlouk Khakan). Enfin les Ouïgours donnaient, au vue siècle, le titre de Pi-kiè Tè-kzn (Pék Teghin) aux Agé ou chefs de la nation Qirghiz; ceux-ci, après avoir détruit la puissance des Ouïgours vers le milieu du Ix° siècle, prennent à leur tour le titre de Khakan.

[4) Teng-li n'est peut-être qu'une transcription chinoise impar-