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0041 Inscriptions de l'Orkhon : vol.1
Inscriptions de l'Orkhon : vol.1 / Page 41 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000225
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— XXIII —

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et la parenté avec l'empereur. Cette demande fut accordée aux mêmes conditions que celles imposées aux Doulgases en 713 pour leur alliance, savoir que le khan se déclarerait de vassal de la Chine etc. Le khan ayant manifesté son désir d'épouser une princesse impériale, il reçut d'abord le portrait de celle qui lui était destinée; puis il envoya en députation sa soeur avec 50 autres femmes, pour lui amener la princesse Sène-ane. Celle-ci devint, après le décès de son époux, la femme de chacun des trois princes qui lui succédèrent, et mourut en 808, après avoir vécu dans l'Ordo des Ouïgours pendant 21 ans. Le khan offrit de déclarer la guerre aux Tibétains, qui étaient maîtres du Nord-Ouest de la Chine, et furent défaits par les Oigours en 791. Dans l'année 806 la capitale de l'empire vit pour la première fois arriver dans ses murs des Moues, c. A. d. des lamas mongols.

En 821 le khan Tchoundé aussi envoya en Chine une députation sous la conduite de Inantchou *, dont faisaient partie 2,000 femmes, 20,000 chevaux et 1,400 chameaux, et chargée de demander pour lui la main d'une princesse; cette demande fut agréée; mais parcontre le secours offert par les Oigours contre les ennemis du dedans à Ordos fut refusé, comme ayant été autrefois trop chèrement acheté. L'année 839 fut marquée chez les Oigours par la famine, la peste et d'enormes masses de neige, calamités qui firent périr une quantité de moutons et de chevaux, et affaiblirent considérablement leur puissance. Dans l'année suivante, en 840, elle fut définitivement et complètement anéantie. Ils furent assaillis par cent mille cavaliers hakasiens, qui s'emparèrent de leur capitale, l'incendièrent et leur khan fut tué. La guerre contre les Oigours continua les années suivantes, en 842 et 843, avec le secours de la Chine, et l'empereur ordonna que leurs défaites seraient gravées sur une pierre, qui serait placée à Youitellei, ainsi qu'il a été dit plus haut. — Après la ruine de leur capitale les Ouïgours se dispersère3t de divers côtés **.

Nous voyons par le passage que nous venons de citer, que dans cette partie du moisis de l'histoire de la dynastie de Tan, d'où nous avons tiré ce résumé relatif aux Ouïgours, il n'est fait aucune mention du 3e monument; mais il est à prévoir que, les inscriptions une fois déchiffrées et leur rapport mutuel une fois expliqué, malgré le morcellement des pierres et la diversité des signes graphiques, il donnera lui môme les meilleurs éclaircissement sur son origine.

A cet égard nous renvoyons déjà maintenant à l'explication des inscriptions chinoises du 3° monument, que nous devons à l'obligeance de Mr G. Devéria, professeur à l'Ecole des langues orientales à Paris, d'après les photographies, qui

* Voyez 3anncKa, p. 154, 269.

** Imams, llcropin etc. I: 246-255, 373-426.

lui avaient été remises, explication que nous joignons plus bas au présent travail.

La puissance que les Hakases, qui sont les ancêtres des Kirghises, possédaient dans l'Asie centrale, subsista jusqu'à la naissance de la domination Kidanienne, qui s'accomplit au Xe siècle. Les (142 que nous trouvons dans l'ouvrage de Visdelou relativement à la personne d'Apaki, le fondateur de cet empire, sont fort intéressants. Comme ils peuvent être mis en rapport avec le 3° monument, bien que leur exactitude puisse être contestée, nous allons reproduire la notice en question, telle qu'elle se trouve dans l'ouvrage de D'Ohsson:

»On trouve, qu'en 922 Apaki, fondateur de la monarchie des Kitans ou Léaos, campant avez son armée auprès de l'ancienne résidence des khans ouïgours, y fit ériger un monument de marbre, sur lequel fut gravé le récit de ses victoires, et qu'il ordonna de repolir l'ancien monument de Pi-g14-khan (Boucou) **, et d'y graver, en caractères khitans, turcs et chinois, une inscription qui contenait le récit de ses grandes actions».

Or, comme nous savons, que les caractères khitans n'étaient pas autre chose que des caractères chinois (modifiés), bien que leur nombre se bornât à environ un millier, et que leur signification devait être différente dans l'idiôme toungouso-khitane, il est permis d'admettre qu'il s'agit ici d'un monument trilingue, quand bien même il n'y a, à proprement parler, que deux sortes de caractères. Par caractères turcs il faut, je suppose, entendre les signes graphiques ienisseïens ou peut-être oulgouriens.

Près de 200 ans plus tard on voit se dresser, dans le ténébreux chaos de l'Asie centrale, la figure gigantesque de Tchinguiz-khan, qui appelle l'attention du monde sur lui et sur le peuple à la tête duquel il s'était placé. Aux temps de son fils et successeur Ogotaï, l'Orkhon et la ville de Kharakorum, fondée par lui vers l'an 1235, devinrent le centre de l'empire mongol. Cette ville remarquable, et la renommée dont elle jouissait, brillèrent un certain temps comme un phare dans la nuit Guidés par sa lumière, des voyageurs et des savants européens, tels que Marco Polo, Rubruquis et d'autres encore, parcoururent en sens divers les déserts sablonneux de la Haute-Asie. Bientôt cependant cette lumière s'éteignit, et cette . région fut de nouveau ensevelie dans une obscurité si épaisse, que jusqu'à nos jours on ne sait pas au juste où était situé

* Histoire des Mongols. La Haye 1834. T. II, page 64 note 1, où l'auteur renvoie à l'histoire de la Tartarie par Visdelou, dans le Supplément a la Bibliothèque orientale de d'Herbelot, page 86.

  • * Biguai (Pèk, Pigha?) signifie proprement „sage"; ce mot désigne aussi un nom de femme, mais il a le sens de „empereur" dans le titre de tous les khans onigours, postérieurs tA Peïlo, :l ce que prétend Radloff. Ce titre parait avoir été également porté par plusieurs khans doulgases.