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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0064 Chine : vol.1
中国 : vol.1
Chine : vol.1 / 64 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000239
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262   -    H CORDIER

dorés, ou des toiles blanches avec lettres noires et rouges pour servir d'enseignes. Il y en a de forts drôles. Assurément vous ne trouverez pas le Vouton à six pattes, le Veau gui tête, ou la Truie qui file; en revanche il y a le Phénix à deux têtes, le Succès sans égal, l'Abondance perpétuelle. On pourrait faire une étude fort intéressante sur ces enseignes, étude que n'a fait qu'indiquer M. W.-H. Medhurst dans sa brochure, Curiosities of Street Literature, ou dans un chapitre de son livre, The Foreigner in Far Cathay.

Dans les boutiques, — ni/ novi sub sole, — le pharmacien, l'épicier, le chaudronnier, le gargotier. Mais dans la principale rue les émaux cloisonnés, les bracelets de jade vert, blanc, opaque, translucide, les boîtes de laque, les vases de porcelaine, les

bronzes anciens, les ornements en pierre à savon sont entAssés pêle-mêle; entrez, choisissez, on vous fera bon accueil, marchandez surtout, offrez le tiers du prix que l'on réclame et n'achetez qne si vous ne devez visiter aucune autre ville dé Chine.

Vous trouverez les émaux cloisonnés à Pe King, mais il en reste peu d'anciens: le brocanteur a passé maintes fois depuis une quinzaine d'années et il a laissé peu de choses à glaner derrière lui. On fabrique également des cloisonnés dans une localité du Kiang Si; mais ils sont de qualité inférieure et res

semblent à ceux du Japon. Cherchez également àPe King

les vieilles broderies et les bronzes anciens; si vous aimez le laque rouge, c'est encore là qu'il le faut demander. Le laque fabriqué à Fou tcheou est préférable: rouge, brun ou gris jaune, poli comme celui du Japon. Une seule famille a le secret de sa fabrication. De Ning po viennent les bois sculptés. Les meubles en bois noir et les ivoires arrivant de Canton, ainsi que ces grands vases de porcelaine à personnages excentriques qui figurent à Paris chez les vendeurs de thé et les confiseurs. Toutefois, ces vases peints à Canton ont été fabriqués à King-te tchen, petit bourg du Kiang si, siège de la Manufacture impériale d'où provient la majeure partie de la porcelaine employée en Chine. Ces urnes sang-de-boeuf en arrivent aussi bien que ces peiites tasses ornées de papillons multicolores. Achetez tout cela à Kieou Kiang, sur le Yang tseu kiang; c'est deux fois moins cher qu'à Chang haï. Les figures de terre cuite sont fabriquées à' T'ien tsin. Chang haï n'est qu'un dépôt. Voyez dans l'arrière - boutique de ce grand magasin, ces encriers, ces guéridons, ces coupe-papier, ces ronds de serviette, ces pendules, ces lampes en émail cloisonné; rien n'est moins chinois comme goût et comme forme; c'est fabriqué en grand à Pe. King pour l'exportation; dans quelques années l'émail se fendillera, se brisera, tombera en fragments, et de ce joli bibelot à fond bleu que vous tenez il ne restera qu'un moule de cuivre jaune. Regardez au contraire cette boîte, si petite, si mignonne, une vraie bonbonnière; passez la main sur les cloisons de .cuivre: la surface est lisse, uniforme, pas la moindre rugosité-, quelques petits trous ont été bouchés avec de la cire, mais sans rien enlever à la fraîcheur de l'objet, qui vieux de cent ans, semble sortir de la main de l'ouvrier.

A Io() m. environ du commencement de la rue une passerelle qui traverse le fossé conduit aux jardins à thé. Quand on

est connu à Chang haï, on obtient assez facilement la permission de visiter la maison de Yuen sing, riche marchand de thé; elle est située presque en face des jardins. L'habitation de Yuen sing, avec ses deux ou trois grandes pièces, sa multitude de petits cabinets et le jardinet derrière, vous donne une excellente idée de la demeure d'un notable commerçant chinois.

Il ne faut pas se représenter les jardins à thé comme un parc avec des bosquets à peine éclairés le jour par le soleil qui n'en pourrait percer l'épais ombrage; la nuit, par des lampions à la lumière douteuse. Une grande place, un grand terrain de forme irrégulière, de surface inégale, pavé en certains endroits, nivelé en d'autres, ailleurs à peine déblayé; autour, des boutiques, des restaurants et des temples; dans l'un de ces temples, celui

qui est à gauche en entrant dans les jardins, j'ai vu autrefois la plus belle collection de chrysanthèmes qu'il soit possible de réunir. Les Chinois sont grands amateurs de fleurs et d'horticulture, ou pour parler plus exactement, la floriculture a atteint chez eux un haut degré de perfection; les expositions de fleurs excitent chez eux autant d'intérêt que chez nous, et il serait facile de réunir en Chine, the,flowey King-dont, des collections qui rivaliseraient avec celles de l'Exposition d'Horticulture à Paris, ou du Crystal Palace, à Sydenham.

Au milieu du jardin, il y avait un grand étang qui

pourrait passer pour un petit lac. Un grand restaurant, maison de thé, Hu sing ting, en occupait le centre.

Autour du lac, sur la place, et en première ligne, les diseurs de bonne aventure; ils sont fort nombreux; leur auditoire est attentif: une grosse tête dessinée sur une toile ou sur un grand papier, avec des chiffres savamment distribués sur chacune de ses parties, paraît être la base de la science de ces pseudo-prophètes; — plus loin, à travers des lentilles achetées aux barbares d'Occident, vous voyez les principaux monuments de Paris et de Londres; — un individu armé d'une planchette enduite d'une couleur bleue liquide, esquisse avec l'index de la main les sujets les plus variés. Voici un paon, qui est réellement fort bien réussi. Ah! un libraire en plein vent. Regardez son étalage. Quelques exemplaires des livres élémentaires: le San teen King, le Ts'ien tseu wen, des pièces de théâtre, une foule de romans, des chansons en quantité. C'est un examen qu'il faudrait faire avec Jules Arène, l'auteur de la Chine familière et galante; le temps ne serait pas perdu, car il y a là de véritables trésors. Cette littérature de colportage vous prouvera une fois de plus que si les moeurs et les coutumes varient suivant les contrées, l'homme est un, et les mêmes passions l'agitent toujours, qu'il soit Asiatique ou Européen. Que de rapprochements on pourrait faire entre nos propres productions littéraires et les écrits éclos dans l'Extrême-Orient!

Là-bas, dans un coin, une série de boutiques où l'on vend des oiseaux; ici, un restaurateur ambulant; là, un pourceau en liberté vous passe entre les jambes; plus loin, c'est un mouton sans gardien qui est pourchassé par une bande de chiens errants. Au fond de la place, traversez un petit passage assez malpropre qui vous mène à une ruelle non moins malpropre: c'est le che-

Charbonnier chinois

Phot. cnuanem.•rm.irn.