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0063 Chine : vol.1
中国 : vol.1
Chine : vol.1 / 63 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000239
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CHINE

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Well; là elle se divise en deux routes, dont l'une à droite, conduit à la ferme de Jessfield, l'autre à Zi-ka-wei. De l'autre côté de la rivière, en face de la ville chinoise, se trouve la presqu'île de Pou Toung, occupée par des chantiers, des docks, des refuges pour les marins, etc.

La valeur totale du commerce de Chang Haï en 1910 a été de H. taels 172.923.114 dont 53.123.940 pour les importations étrangères, 24.890.218 pour les importations de produits indigènes et 94:908.958 pour les exportations de produits indigènes locaux. Les navires à vapeur entrés dans le port 7.670, représentaient un tonnage de 8.841.60o (1686 anglais, 88o japonais, 338 allemands, 293 français). D'après les rapports des douanes la population serait de 651.0oo habitants.

Quand on a visité une ville chinoise, on en connait cent: Canton et Pe King exceptés. Visitons la ville indigène de Chang Haï.

Nous sommes à Chang Haï, à l'extrémité méridionale de la concession française: suivons le courant humain qui n'a de comparable, toutes proportions gardées, que la foule affairée qui se rue vers dix heures du matin sur le London Bridge. Un pont étroit est jeté sur le fossé d'eau puante qui entoure les remparts de la ville chinoise; au-dessous de nous, les jonques attendent la marée, rangées en lignes pressées; une fumée âcre s'échappe des feux de bois sur lequel bout le riz ou grince la friture à l'huile rance. De chaque côté du pont, une rangée de malheureux dépenaillés à faire rêver Jacques Callot. Est-ce la guenille, est-ce l'homme qui est le plus repoussant? Impossible de distinguer la forme et la couleur primitive de ces lambeaux d'étoffe. L'usage, le temps et plus encore la saleté, ont enlevé à cette défroque toute apparence d'un costume, et l'on se demande par quel miracle cette loque qui semble composée de trous aussi bien que de pièces peut tenir sur les pauvres diables qu'elle est censée couvrir. C'est un triste spectacle que celui que nous offrent ces infortunés qui implorent la charité du passant; l'oeil est hagard et vitreux; les cheveux depuis longtemps abandonnés par le barbier se dressent en un buisson noirâtre au-dessus de la tête; les ongles poussent à une longueur démesurée; le corps maigre, décharné, paraît encore trop, lourd pour la charpente osseuse qui dessine un squelette hideux sous la peau desséchée.

L'un montre une jambe privée de pied, cet autre exhibe un torse sans bras, tous sont couverts de plaies que la vermine qui les ronge rend plus repoussantes encore. Souvent on est heurté par un coolie au vaste chapeau de paille qui marche cahin-caha, portant sur ses épaules nues un long bambou aux extrémités duquel pendent deux seaux de bois remplis d'un engrais semi-liquide, cher aux agriculteurs chinois. Il s'en va tranquillement, chantant: a Ah! Ah! n en un rythme régulier et monotone, poussant l'un, éclaboussant l'autre, sourd à la plainte, insensible à l'injure.

Sur le terre-plein assez large qui s'étend du fossé aux remparts de la ville, on voit toute espèce de gens, toute

Reclus, Grande Géographie Ill

espèce de choses: des marchands de vieux meubles, des femmes nettoyant des ustensiles de ménage dans l'eau stagnante à côté d'hommes qdi lavent le riz destiné au prochain repas; des bimbelotiers qui vendent des allumettes, des miroirs, des couteaux importés d'Europe, des dominos, des cartes, des ivoires indigènes; plus loin un grand gueux assis devant un tas de bouteilles achetées ou volées aux boys employés par les étrangers; il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs, depuis le flacon carré du genièvre hollandais jusqu'à la bouteille pansue du soda water, depuis le blanc opaque d'un pot de pommade philocome jusqu'au vert foncé du litre de gros-bleu; puis, le long des murailles, arrangés en gradins, d'énormes bassins de terre cuite qui servent de réservoir soit pour l'eau, soit pour l'engrais dont nous parlions plus haut. En Chine, rien ne se perd, et ces bassins, ces kang, conservés précieusement dans la cour de la maison ou dans le champ voisin, tiennent lieu de greniers d'abondance où l'on puisera lorsque le moment sera venu; deux ou trois chiens pelés et galeux, puis encore des pauvres non moins pelés et non moins galeux; puis ... un guide! Oui, un guide, car, pas plus dans la vieille Chine que dans la jeune Europe, on n'est à l'abri des obsessions de mendiants déguisés, qui s'engagent, pour une légère. rétribution, à vous faire visiter une foule de choses que nul n'a jamais vues, et qui réussissent à vous noyer d'un flot de paroles et à ne rien vous montrer. Criez-leur énergiquement: e Tchulo! n Allez-vous en! — et passez outre. Traversez la porte Montauban: vous êtes dans la ville chinoise.

A 15 ou 20 m. de la porte, la rue se divise en deux branches; prenez à droite, c'est la rue la plus fréquentée, la mieux connue des étrangers, car elle est habitée par les marchands de bibelots. Ce n'est ni la rue de la Paix, ni Regent Street. Cette ruelle, qui se pare ici du nom de rue, mériterait tout au plus le titre de passage dans un coin ignoré d'une grande ville d'Europe. Du reste, qui a vu une rue chinoise en a vu mille, et tout le monde a vu une rue chinoise, dans le Tour du Monde, dans le Voyage du marquis de Beauvoir, sur les paravents, sur les éventails, chez les libraires, chez les marchands de thé. Un passage de 2 m. de large généralement pavé de grosses dalles de granit placées en travers, bordé de maisons en bois à un étage. Le rez-de-chaussée est composé de la boutique d'où

un escalier de grenier vous conduit aux deux chambres de l'étage supérieur: dans la boutique, un Célestial astucieux, à la mine placide, est assis devant un comptoir et règle ses comptes à l'aide du sonanpan (abacus); aux fenêtres du premier étage, du linge sèche, et assez souvent une main aux doigts effilés verse furtivement dans la rue les immondices, tandis que sur le seuil de la porte un bambin, dans une posture innocente, prouve que les habitations chinoises manquent de ce coin discret indispensable à toute maison européenne. A travers la rue, à la hauteur des toits, des cordes auxquelles sont suspendues des planches de bois noirci, barbouillées de caractères

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Pharmacien chinois