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Les documents chinois découverts par Aurel Stein dans les sables du Turkestan Oriental : vol.1 |
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INTRODUCTION
les quelques fiches en bois de l'époque des Han qui furent découvertes dans le Chan-si pendant la période sivan-ho (1119-1125 p. C.), ne nous sont pas parvenues ; nous ne possédons qu'une mauvaise copie de l'une d'elles.' C'est donc à M. Stein que nous devons la découverte des seuls textes des Han que nous ayons sous leur forme originale.
Au point de vue paléographique, les informations que nous en tirons sont considérables. Nous pouvons en effet étudier là cette écriture qu'on appelle communément en Chine le tchang ts`ao .: parce qu'elle est l'écriture avec laquelle on avait rédigé le fameux vocabulaire Ki tsieou tchang , 2 ; mais nous ne connaissions jusqu'ici cette écriture que par des copies de copies
qui étaient fort loin de l'original ; c'est à M. Stein que revient le mérite d'en avoir retrouvé des spécimens authentiques et nombreux.
Ce n'est pas seulement pour la paléographie de l'époque des Han que les fiches de M. Stein sont importantes ; elles nous renseignent aussi sur le matériel dont on se servait pour écrire aux environs de l'ère chrétienne. Sans doute, la première expédition de M. Stein avait déjà découvert, à Niya, des fiches en bois datant du commencement du quatrième siècle de notre ère ; nos idées sur la manière dont se présentaient les pièces de chancellerie dans la Chine antique s'étaient trouvées dès lors fixées avec beaucoup plus de netteté qu'elles ne l'étaient auparavant. Les fouilles de la seconde expédition nous permettent de préciser quelques points nouveaux : en premier lieu, nous trouvons ici, à côté des documents traitant d'affaires, des débris de véritables livres et nous voyons comment, par des encoches pratiquées sur la tranche, on pouvait réunir ces lamelles de bois de manière à en faire un groupe ; nous ne comprenons cependant pas bien encore comment on assurait l'ordre de succession de ces fiches ; il n'y a aucune numérotation pouvant tenir lieu de pagination, et on ne comprend pas comment il était possible de rétablir l'ordre lorsque quelque cause accidentelle l'avait bouleversé.
Ui
I Cette fiche nous est connue par une notice de Tchang
Kiu eu, datée de l'année I 170, qui a été reproduite vers
le milieu du quatorzième siècle dans le Kou k`o ls`ong tch`ao
de Tao Tsong-yi w ' (pp. 2 v0
rek
3 vo de l'édition du Hio kou tchai kin che ts`ong chou). Elle contient un ordre militaire relatif à une campagne contre
des tribus tibétaines A, elle est ainsi conçue : fcJJ .
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,PJA El ~O
Dans la mesure
où ce texte, qui paraît très fautif, peut être traduit, il signifierait : ` La deuxième année yong-tch`ou (108 p. C.), le sixième mois dont le premier jour était le jour Ling-wel, le vingtième jour qui était le jour pingyin, reçu une lettre du
secrétariat (ík-. —,g) attaché au général des chars et des cavaliers ; (il y est dit :) San-chouez; qui est sous-préfet de Ting yi et qui dépend du commandant militaire des royaumes soumis de la commanderie de Chang, ayant le titre de cheoutch`eng à deux mille che d'appointements, devra se rendre au secrétariat le dixième mois, jour ling-wei ; il y recevra un sceau et un cordon afin de mettre en campagne des hommes pour punir les K`zang (Tibétains) révoltés. Que en toute
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hâte on se conforme aux ordres. — Chaque jour il sera fourni quarante chevaux et deux cents ânes.'
On remarquera tout d'abord que les indications chronologiques de ce texte sont incorrectes; le sixième mois de la
deuxième année yong-tch`ou commence par le 320 jour du cycle, et non par le jour Ling-wei qui est le 44e du cycle; d'autre part, le jour Ling-wei, 44e du cycle, ne peut se trouver dans le dixième mois qui commence par le 6oe jour du cycle. Pour que les indications relatives aux jours fussent exactes, on devrait supposer que la date de l'année est fautive et, au lieu de ` la deuxième année yong-tch`ou 008 p. C.)', il faudrait lire ` la première année yen p`ing (106 p. C.)'. — En second lieu, il semble qu'il faille lire ' T`ingyz; qui est sous-préfet de San-chouei', au lieu de ' San-chouez, qui est sous-préfet de Ting yi ' ; en effet, Ting yi n'est pas le nom d'une sous-préfecture, tandis que la sous-préfecture de San-chouez; à l'époque des Han, était au Nord de l'actuelle préfecture secondaire de Kou yuan J m, qui dépend de la préfecture de Ping-leang ï m, dans le province de Kan-sou. —Enfin
la formule s :; 7 a • ne se présente jamais sous
cet aspect dans les fiches de M. Stein et on peut se demander si la lecture des archéologues du douzième siècle n'a pas été influencée par le souvenir qu'ils avaient de la formule qui figure souvent sur les amulettes taoïstes destinées à soumettre les démons (cf. plus loin, la fiche No 137 à propos de laquelle cette question a été discutée).
2 Sur le Ki tsieou chang, voyez p. i et suiv.
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